DREAD SOVEREIGN : In Doom we trust !

Imaginez pendant cinquante et une minutes la rencontre de Venom, Hawkwind et Candlemass (ou Saint Vitus pout le côté sombre), le tout chanté par le frontman irlandais de Primordial himself accompagné du batteur de Conan ! Vous obtenez Alchemical Warfare, la troisième galette de Dread Sovereign mêlant diablement Heavy, Doom et Black Metal, le tout dans une ambiance délicieusement old school. [Entretien intégral avec Alan Averill Nemtheanga (basse/chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]

Dread Sovereign est enfin de retour en 2021, près de quatre ans après votre second album For Doom the Bell Tolls dont j’aime beaucoup le titre inspiré de la chanson de Metallica. Avez-vous eu des critiques ou d’éventuels commentaires de Metallica personnellement du fait de votre titre d’album ? Et crains-tu de rencontrer des problèmes à présent avec les retraités de Slayer pour ce nouvel album baptisé Alchemical Warfare ?
De Metallica personnellement ?? (sourires) Ouais, Lars Ulrich ne m’a plus suivi sur Instagram à cause de ça depuis… (rires) Eh non, mais bien sûr que non !!! En fait ce titre provient à la base d’Ernest Hemingway avec son roman For Whom The Bell Tolls datant de 1940, et il a été plus ou moins utilisé plus tard et repris notamment par Metallica, mais quoi qu’il en soit… Des problèmes ? Je ne pense pas qu’un de ces groupes (Metallica ou Slayer) n’ait des droits d’auteur avec un copyright sur la langue et les mots utilisés…

On te connaît généralement mieux pour Primordial, ton groupe principal. Alors, peux-tu revenir sur l’origine et les circonstances de création de ce side-project Dread Sovereign ? À sa naissance à Dublin en 2013, quels étaient les objectifs et ont-ils évolué avec le temps ?
Eh bien, je joue de la basse et du chant, et j’écris la plupart de la musique de Dread Sovereign, alors disons que c’est très différent de Primordial. L’intention principale était juste de faire de la musique à trois en créant ce trio. L’un de nos autres objectifs était de jouer en live et répéter. Enfin, on partait sur des influences de la vieille école des genres musicaux que nous adorons dans le métal. Hormis ça, il n’y avait pas de grand plan.

Vous êtes-vous déjà produit en live et avez-vous tourné avec Dread Sovereign dans le passé (avant cette triste situation de pandémie liée au virus du covid-19 bien entendu), et Dread Sovereign est-il un groupe live ou juste un projet parallèle comme Blood Revolt par exemple (dont nous parlerons brièvement plus loin) ?
Oui, bien sûr, nous avons fait quelques tournées et des festivals étranges ici et là… Dread Sovereign a toujours été conçu comme un groupe live. Selon moi, c’est en quelque sorte inutile de faire du Rock ‘n Roll qui est uniquement destiné au studio, n’est-ce pas ? (sourires)

En écoutant Alchemical Warfare, je décrirais la musique de Dread Sovereign comme un mélange étonnant de Venom, Candlemass, Black Sabbath, et Saint Vitus, avec des vibrations bien sombres etpsychédéliques… Comment définirais-tu ta propre musique sur Alchemical Warfare et partages-tu cette rapide description ?
Bien sûr ! C’est principalement un genre de Doom Metal traditionnel, mais cette fois-ci, nous avons augmenté le tempo avec des influences comme Venom, Angelwitch, Motörhead, etc, mais aussi des vibrations, comme tu dis, provenant de la période 1978-1981, un peu de Hawkwind et de Rock psyché des années 70, etc. dans le but d’avoir cette base au cœur de notre musique. Pour ta description, ça me va bien. (sourires)

Votre troisième album est très intense mais à la fois mélodique et surtout psychédélique, mais aussi occulte… Comment avez-vous travaillé pour créer et composer ces huit nouvelles chansons à cause de l’épidémie et de la crise sanitaire actuelle, et du fait peut-être de la distance entre Johnny King qui vit en Angleterre, et toi et Eoin H. alias «Bones» basés en Irlande si vous ne pouviez pas répéter et jammer en studio ? Peut-être que tout le monde jouait et échangeait derrière son téléphone portable ou son ordinateur sur Skype ce qui n’est pas très rock’n roll, je trouve ? (rires)
Nous avons fait l’album avant cette situation sanitaire actuelle, donc cela n’a rien à voir avec le confinement. Et non, je ne ferai jamais de Métal comme ça. Je n’échangerai jamais de fichiers MP3, je ne répéterai et n’enregistrerai jamais à distance par ordinateur ou mobile… J’arrêterai alors tout avant que cela ne se produise.

À propos de ta voix, Alan, la travailles-tu différemment pour Dread Sovereign par rapport à Primordial ? Peut-être est-ce plus spontané et te sens-tu plus libre ici, sans limite, par rapport au style de Primordial ?
Primordial est le travail de ma vie. Alors que Dread Sovereign représente mon côté diabolique et imprudent, instinctif, et donc spontané. Et oui je suis en effet plus libre de faire ce que je veux pour être honnête. Disons que c’est une approche différente, plus traditionnelle, mais c’est toujours moi bien sûr. Je ne triche jamais.

Je sais que comme moi, tu as toujours été un grand fan du travail de Bathory et du regretté Quorthon (R.I.P.). Quelques mots sur la raison de ce choix de reprise de la chanson de Bathory « You Don’t Move Me (I Don’t Give a Fuck) » figurant à la fin de l’album, s’il-te-plaît ?
Oui, ce n’est pas un secret… (sourires) Cette chanson, nous l’avons juste joué en répétition et provient de la première compilation du Jubileum. En fait, ce titre semblait résumer parfaitement notre attitude à l’égard de l’année 2020…

Avant de conclure sur Dread Sovereign mais aussi ton principal groupe Primordial pour te demander son actualité, quelles sont les nouvelles de Blood Revolt dont l’unique album intitulé Indoctrine est sorti sur Profound Lore Rec. en association avec Metal Blade Rec. si ma mémoire à l’époque. Es-tu toujours en contact avec les autres membres canadiens de Revenge ?
Bien sûr ! On en parle encore de temps en temps ou je les vois parfois sur la route ou lors de festivals. Pour l’heure, il n’y a pas de nouvelles !

Enfin, quels sont vos projets pour Dread Sovereign pour 2021? Et qu’en est-il avec ton principal groupe Primordial ? Peut-on espérer avoir bientôt un successeur à l’album Exile Amongst The Ruins ??
Que pouvons-nous faire ? Nous ne savons pas si, ni quand, nous pourrons partir en tournée ou jouer sur scène, il est donc très difficile de faire des plans de quelque nature que ce soit. On ne peut qu’attendre et voir. Pour Primordial, nous avions commencé à écrire de nouvelles chansons mais ensuite, le confinement est arrivé dans des termes plus stricts et nous ne pouvons pas nous rencontrer. Mais soyons clairs, si nous continuons ainsi, il n’y aura pas de tournées ni spectacles et beaucoup de groupes disparaîtront. Il n’y a sûrement aucune raison de faire de nouveaux disques non plus avec Dread Sovereign : pas d’art, pas de vie…

CHRONIQUE ALBUM

DREAD SOVEREIGN
Alchemical Warfare
Heavy/Doom/Black Metal
Metal Blade Rec.

C’est bien connu : c’est dans les vieux pots que l’on fait la meilleure soupe, y compris dans le Doom old school ! Sur Alchemical Warfare, nos trois sorciers britanniques n’hésitent pas à alimenter leur potion maléfique d’influences ici encore plus vintage comme du (Hard) Rock psyché des années 70’s à la Hawkwind (« Her Master’s Voice ») partant ainsi dans des délires occultes infinis, ou bien de furieux passages Speed/Black à la old Motörhead/Bathory/Venom (« Devil’s Bane ») pour accélérer la cadence. Johnny King alias « Con Ri », le batteur de Conan, se lâche alors que le guitariste Bones abat un énorme boulot à la gratte. Tout ne repose donc pas sur la voix du frontman irlandais Alan A. Nemtheanga qui donne là une prestation plus spontanée derrière sa basse saturée, mais tout aussi habitée, qu’avec Primordial, l’ombre de ce dernier n’étant jamais très loin (« The Great Beast We Serve »)… Alors même si tout semble éculé en matière de clichés avec Dread Sovereign dans ce melting-pot délicieusement et volontairement old school, on se régale jusqu’à y perdre la raison. Tout est taillé ici pour la scène où l’on espère vite entendre la reprise de Bathory «You Don’t Move Me (I Don’t Give a Fuck) » dédicacée à la fin de l’album à cette putain d’année 2020. [Seigneur Fred]

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