HYPNO5E: Le 5eme élément!

HYPNO5E

Le 5ème élément!

Après un album acoustique « ALBA » qui pouvait autant séduire qu’il pouvait déstabiliser, HYPNO5E s’en éloigne et revient avec un 5ème disque plus intense et fougueux. [Entretien avec Emmanuel Jessua (chant, guitare)  par Benoit Debrun – Photo : DR]

Est ce que « A Distant (Dark) Source » est un album conceptuel?
Je n’aime pas trop le terme d´« album concept », mais on construit nos albums comme desscénarios, il y a un espace, un lieu, une atmosphère générale, et une trame narrative qui se déploie surtoute la longueur du disque. Sur celui-ci, c’est une trame qui se construit en diptyque et dontla première partie sortira après celle ci. 

Ca part d’un voyage que j’ai fait en Bolivie pour les repérages d’un film sur lequel je travaille, dans l’Altiplano, une région aride au pied des Andes entre la Paz et le Salar d’Uyuni. C’est également là-bas que j’avais tourné ALBA LES OMBRES ERRANTES. Au fil du voyage, j’ai appris que cet espace dans lequel je me déplaçais était, il y a 14 000 ans, un immense lac d’eau salée. Ca a éveillé mon imaginaire, surtout parce qu’un des sujets du film sur lequel je travaillais était la question de la disparition dans cet espace. J’ai imaginé donc construire cet album autour de la résurgence de ce lac, l’espace d’une nuit, non seulement ce lac, mais les gens qui l’habitaient. On suit donc du couché du soleil à l’aube, un personnage qui retourne dans ce désert et attend le retour des spectres de ceux qui ont habité ce lac avant sa disparition. Ils vont revenir l’espace de cette nuit, chargés de leurs mémoires, de leurs rapports entre eux, de leur rapport à cet espace, au souvenir. Comme toujours dans nos albums, la question de la mémoire est centrale, et comment cette mémoire s’inscrit dans un espace donné, en l’occurrence, celui de ce lac imaginaire qui sert de socle pour la résurgence de cette mémoire.

Votre façon de composer les morceaux a t-elle évoluée ? Ou est-ce Emmanuel qui s’y colle toujours ainsi que sur les paroles ?
Si oui, ou trouves tu l’inspiration ? Gères-tu tout de A à Z ou bien tes acolytes apportent t-ils leur contribution créative ?
En général, je compose chez moi, j’arrive en studio avec plusieurs idées, thèmes, qui ne sontpas assemblés et on attaque l’enregistrement sans passer par l’étape de maquettes. Tout sefait très intuitivement au moment de l’enregistrement. Tout est structuré, et même composépour la plupart des morceaux en direct en studio. Il y a quelque chose de très brut et viscéral,l’album se construit en studio sans idées préconçues. Concernant « A DISTANT DARKSOURCE », il est plus brut et moins cérébral que les autres aussi car il répondait à uneurgence, un besoin fort de déployer quelque chose. Toute la base musicale se crée ainsi, etensuite je commence à donner du sens à ce déploiement brut, en construisant une tramenarrative puis en écrivant les paroles.

Est-ce important pour vous que votre musique surprenne l’auditeur ou tout est spontané et sans aucun calcul ?
Tout est spontané, on ne se dit pas qu’il faut absolument faire des morceaux longs, oualambiqués. Les choses viennent comme elles sont, on ne s’impose aucune règle, et en généralon ne pense pas à l’écoute que les gens peuvent avoir de la musique, elle doit exister, et sejustifier par elle même avant tout, avoir son propre langage, sa propre pensée, et c’est aprèsque l’auditeur y rajoute son sens. On essaie aussi de la rendre assez abstraite au niveau dusens pour que chaque interprétation, chaque écoute soit différente. Ce que l’album produit enmoi, ou d’où il vient, de mon histoire personnelle, je ne veux pas forcément le fairetransparaitre, mais je veux que la musique puisse faire rejaillir des failles ou des choses quisont propres à chaque auditeur. 

Pourquoi avoir choisi le titre « TAUCA Pt2 », qui est un peu éloigné du style habituel comme 2ème single ?
Pour moi, « Tauca » reste dans la continuité du travail que l’on développe depuis le début dugroupe, je ne le trouve pas si éloigné de notre style au sens où son identité repose sur lacontradiction entre un passage éthéré, ambiant, lyrique, et une partie exutoire, violente. C’estcette dualité qui fait la nature de nos compositions je pense. Même si, il est vrai, la couleur dutitre est différente par certains aspects, il est peut être plus sombre, plus viscéral encore queles autres morceaux. Il y a une urgence dans ce titre, un besoin d’immédiateté. C’est quelquechose vers lequel je souhaite aller de plus en plus dans le travail de composition à venir.

Quel est votre meilleur souvenir de tournée ?
En 2019, tout à fait par hasard, nous avons pu faire une première tournée au Mexique. Cepays tout comme la Bolivie a une valeur affective particulière pour moi. A la base nous étionsprogrammés sur une tournée à Cuba, et 2 semaines avant il y a eu un malentendu avecl’organisation qui nous a poussé à annuler les dates, nous avions déjà nos billets donc j’aidécidé de ne pas perdre l’investissement et essayé de caler des dates en dernière minute auMexique où nous étions à ce moment là. En 2 semaines nous avons trouvé 7 dates, et ce furentà chaque fois des bonnes surprises, une super ambiance avec le public, et une expérience degroupe, de vie inoubliable.

2019 est une année riche en sorties d’albums. Quel disque vous séduit le plus jusqu’à maintenant ?
J’aime beaucoup le travail de Humanity’s Last Breath, très personnel, sombre, violent etmélancolique, et qui ne ressemble à rien d’autre, ils ont vraiment un style très particulier. C’est assezexaltant et libérateur d’écouter leur musique.

HYPNO5E

A Distant Dark Source

Postcore / Metal Expérimental

PELAGIC RECORDS

★★★★☆

Pas de grosses prises de risques, un retour aux fondamentaux  avec une touche de modernité Puissant , envoutant , mélodique et mélancolique ce 5ème album D’HYPNO5E est une belle  réussite qui marque un retour aux sources tout en y incorporant un soupçon de magie que peut parfois nous procurer la nouveauté ou quelques moments innovants .
Et même si quelques sonorités du groupe ont légèrement changées lorgnant par moment du coté de GOJIRA  aussi bien pour les guitares que pour le registre vocal, le groupe continue son chemin et installe son empreinte fortement reconnaissable  depuis ces débuts et y apporte une évolution plus qu’appréciable.
Encore un voyage  sonore réussi qui nous laissera quelques images cinématographiques en tête à la fin de cette traversée (séance) de  plus de 70 minutes. [Benoit Debrun]

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