INSOMNIUM : Winter’s Gate

Winter’s Gate - INSOMNIUM
INSOMNIUM
Winter’s Gate
Death metal mélodique
Century Media

Le temps est une notion complexe, immatérielle et précieuse, inventée par l’Homme mais bien difficile à maîtriser. Nos Finlandais d’Insomnium en ont que faire à vrai dire et s’en affranchissent ici librement en publiant ce septième album conceptuel quelque peu osé. À l’instar de ses petits camarades et compatriotes de Swallow The Sun dernièrement avec son triptyque nordique, ou bien de Moonsorrow et son album V: Hävitetty en 2007 (composé de deux seuls morceaux), Winter’s Gate se compose lui de deux disques : l’un comprenant une seule et unique plage musicale de quarante minutes ; et l’autre un livre audio (Artbook en bonus sur la version limitée) de même durée narrant cette histoire scandinave en quatorze chapitres (traduite en anglais fort heureusement). Généralement, ce genre de concept s’avère plutôt casse-gueule : c’est quitte ou double.

Dans le cas présent, Insomnium s’en sort avec brio comme ses confrères précités, la magie scandinave opérant… Winter’s Gate s’ouvre ainsi à travers une douce et mystérieuse introduction suivie d’une furieuse accélération death typique, bien speed, tel un raid de Berserkers s’élançant au combat. Ensuite, l’unique titre, donc, oscille tout du long entre passages death mélodiques, voire progressifs, ou alors bien heavy (notamment grâce à la voix gutturale du bassiste Niilo Sevänen de plus en plus proche de celle de Johan Hegg d’Amon Amarth), et guitares acoustiques, ou encore des parties de piano de pure beauté, sans non plus trop en faire en sombrant dans les clichés du genre, ni en étant trop binaire dans son approche. L’auditeur se met alors à voyager comme sur des montagnes russes, ou plutôt ici des fjords au pays des mille lacs, à travers les brumes et le blisard de l’hiver, entrecoupés par quelques éclaircies bien senties (mention bien aux soli de guitares très appliqués et aux superbes chants clairs de Ville Friman). Néanmoins, ce septième opus requiert une certaine attention durant ses quarante minutes. On y retrouvera en outre l’émotion des premiers Opeth tout en se rapprochant des derniers albums plus atmosphériques et intimes de leurs de Swallow The Sun sans pour autant plonger strictement dans le spleen de ces derniers.

Si on a parfois reproché à Insomnium justement de proposer un death metal mélodique assez basique par le passé, en manquant notamment de singularité, le quatuor finnois franchit là un grand pas artistique, se moquant bien des formats et conventions, et au vu de l’évolution toujours plus seventies d’Opeth sur son nouvel album Sorceress, nombreux fans devraient pouvoir avec Insomnium et se réconforter cet hiver à l’écoute de ce splendide et épique Winter’s Gate. [Seigneur Fred]

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