MARS RED SKY
Sky is not the limit

C’est l’histoire d’un groupe bordelais qui prouve qu’en matière de Stoner psychédélique, on trouve aussi du très bon en France. À l’aube de la sortie d’Apex III, il est temps d’en savoir un peu plus sur le successeur de l’excellent Stranded in Arcadia…

[Entretien avec Mathieu « Matgaz » Gazeau (batterie)
par Philippe Jawor – philippe@metalobs.com
 avec la complicité de Seigneur Fred]

 

Comment avez-vous vécu le succès de votre précédent album, Stranded In Arcadia ? 

On était très très heureux de voir que ça été assez bien accueilli : après un premier album qui a été assez encensé, c’est jamais une évidence de faire le virage. On a enregistré ce deuxième album dans des conditions un petit peu… inattendues : on devait l’enregistrer aux États-Unis, mais pour des problèmes de visa et de papiers on est resté bloqués au Brésil. Du coup, on a fait le disque là-bas, de manière vraiment… c’est même plus à l’arrache : du jour au lendemain, on s’est retrouvé à chercher un studio. Par contre, ce qu’on avait pour nous, c’est que comme on était en tournée à ce moment là, on jouait les morceaux de cet album, on les avait bien en main, ce qui nous a permis d’enregistrer en quatre cinq jours à peine. Cet album, c’était un petit tournant dans les compos : il y avait des éléments un peu plus rock, un peu plus mélodiques, aussi ; on a enfoncé le clou dans cette direction avec le nouvel album.

On pourrait justement penser que vous avez mis l’accent sur les influences très « pop rock », au détriment du metal et du sludge…

J’aurais tendance à dire qu’il y a les deux : avec un morceau comme « Mindreader », on est plus proches d’un truc metal plutôt bas du front. Avec « Friendly Fire », on est plus proche d’un truc… on peut pas dire pop anglaise, faut pas déconner, mais au moins assez mélodique, à la Robert Wyatt… On ne se refuse rien : si on a envie de faire un truc lourd, bien dégueulasse, accordé bien bas et après des trucs plus mélodiques, on y va aussi. À mon avis je pense pas que ce soit nouveau pour nous d’avoir des influences « pop » parce que dès le premier album le chant est mélodique, sur le deuxième aussi et c’est pas près de s’arrêter d’ailleurs. Mais je pense qu’il y a aussi des nouveautés sur cet album, « Mindreader » fait partie des morceaux un peu plus sombres, un peu plus lourds… carrément plus lourd même.

Vous avez voulu donner une continuité à Stranded In Arcadia avec Apex III ?

J’aurais tendance à l’interpréter un peu comme ça, mais il y a pas mal de gens qui trouvent le nouveau très différent. Moi, quand j’écoute le deuxième et le troisième à la suite, ça me paraît logique, l’évolution… Par contre, c’était pas du tout conscient : chacun avait des petites idées de son côté.

Et l’EP Providence ? Est-ce un disque qui va fait le lien entre les deux albums, un single enrichi ?

C’est un peu tout ça : c’est un single sans être un single. À la base, pour faire le tracklisting de l’album, on a dû enlever un morceau pour respecter les durées de chaque face, en prenant comme objet central le vinyle. C’était pas évident parce qu’on les aimait tous, surtout en sortie de studio… On s’est dit que celui qu’on enlève de l’album, sur la version vinyle, on va lui donner une petite place particulière, on va le mettre sur un EP : le morceau éjecté de l’album – « Shot In Providence » – se retrouve en fait au centre d’un EP. Cette idée de faire un EP avant l’album, c’est un truc qu’on aime bien : ça rappelle un peu les année 90, où tu sortais un petit single avant de sortir l’album. On en a profité pour mettre un morceau qui est extrait d’une pièce qu’on avait composée il y a un an et demi, un truc assez expérimental qu’on avait joué lors d’un concert, avec une amie qui nous avait accompagnés. On avait envie de faire ça, d’expérimenter ce genre de trucs, histoire de montrer une autre facette du groupe.

Au niveau du concept, vous avez voulu donner une histoire à ce disque ?

On ne peut pas dire que c’est un album concept sur un truc précis, même si depuis le début on a quelques thèmes qui sont récurrents. On aime bien faire en sorte qu’il y ait un lien entre chaque album, que ce soit dans les morceaux ou même – c’est flagrant – sur les artworks : si tu regardes les pochettes, tu peux interpréter ta propre histoire, il y a un truc plus ou moins clair sur la comète, le vaisseau qui décolle dans le deuxième album, là on serait plus à l’intérieur du vaisseau… et l’histoire qu’il y aurait derrière et ça ça n’apparaît pas forcément dans les paroles de manière concrète. Après, le titre Apex III c’est forcément influencé par le troisième album, le fait qu’on soit trois, qu’on chante pour la première fois à trois sur ce morceau… c’est plus des choses comme ça. Il n’y a pas forcément de concept clair, c’est juste qu’on aime bien qu’il y ait un peu de cohésion dans notre boulot.

C’était important, pour vous, après les péripéties de l’enregistrement de l’album précédent, d’enregistrer à la maison, à Bordeaux ?

Exactement. On avait fait un pacte, dès le début, avant même de composer les morceaux : on s’est dit « le prochain, les gars, on reste à la maison, on part pas en voyage, on va faire ça posé chez nous, on va pouvoir rentrer le soir à la maison, on va prendre un peu plus notre temps »… Cette fois, on avait envie qu’il ne nous arrive rien d’incroyable, ça a à peu près marché. Gabriel est venu du Brésil, ça c’était la petite touche d’exotisme…

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Voilà, vous avez gardé Gabriel Zander aux manettes…

C’était évident, parce que la rencontre avec lui a été importante, déterminante, surtout au niveau humain. Mais aussi on était tellement contents de son boulot qu’il était évident qu’on allait retravailler ensemble. On trouvait cette fois que c’était cohérent de l’inviter chez nous après ce qui nous est arrivé là-bas, après qu’il nous a carrément ouvert la porte de son studio sans rien attendre. C’était vraiment un truc incroyable ! Surtout, on était extrêmement contents du son qu’il avait fait sur l’album d’avant, donc on se disait que cette fois, en studio, avec plus de temps, à la maison et tout, on allait pouvoir pousser les choses encore un peu plus loin. Du coup on l’a invité chez nous, pendant quinze jours, en studio à côté de Bordeaux. Enfin c’est pas un studio, c’est une maison en fait, c’est vraiment très… à la cool, à l’ancienne, c’était l’été en plus donc on pouvait faire des barbecues… Et lui il était vraiment très très content de venir en France. Et puis deux semaines de prises c’est confort, c’est à dire qu’on avait le temps d’expérimenter des trucs…

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