MUR
Déflagration supersonique

Quand une poignée d’artistes français issus de la scène Fusion (ex-Mass Hysteria), Thrash (ex-Four Question Marks), Metalcore (ex-Darkness Dynamite) et Black Metal (ex-Glorior Belli) s’acoquine pour un projet brutal et singulier, cela donne Mur. Auteur d’un EP éponyme en 2014 qui avait déjà posé les fondations d’un Post Black Metal aux méchantes sonorités Hardcore/Indus, le sextet français nous balance à présent son premier album, le très explicite Brutalism. Alors, êtes-vous prêts à passer le mur du son ? [Entretien avec Julien Granger (batterie) par Seigneur Fred – Photo : DR] 

Quel est le line-up précisément de Mur ? Est-ce top secret car vous ne vous affichez pas trop sur les médias sur internet et restez plutôt discrets ? Il me semble qu’on y retrouve divers musiciens de Mass Hysteria, Comity, et Glorior Belli principalement car aucun line-up ne figure volontairement dans votre biographie de la part de votre label ?
Mur se produit à six musiciens sur scène. L’identité du groupe est assez cryptique, oui. Nous y trouvons un confort et nous pouvons faire évoluer cette identité selon nos envies. Il n’y a rien de secret à propos de notre line-up, il figure au complet dans le booklet de l’album qui paraît le 25 octobre chez Les Acteurs de l’Ombre. Simplement, cela ne nous paraît pas un aspect crucial sur lequel communiquer, c’est vrai. Thomas Zanghellinia (basse) a joué dans Mass Hysteria et Comity. Pour ma part, j’ai joué dans Glorior Belli, Today Is The Day et Four Question Marks.

Comment est né le groupe Mur et pourquoi un tel nom de groupe ?! S’agit-il d’un clin d’œil à The Wall de Pink Floyd en version française et brutale ? (rires)
Mur est né naturellement, de rencontres, il y a bien longtemps… C’est aujourd’hui un groupe soudé. La notion de mur est effectivement importante pour nous et notre musique. C’est un terme fort. Là où la musique devrait tisser des liens, nous la nommons par ce qui sépare, par le symbole même du clivage. C’est aussi une volonté d’évoquer une forme de force brute.

Il existe également un groupe américain de Drone Metal appelé Mur. Ne craignez-vous pas une confusion auprès du public dès lors que l’on parle de Mur ? Avez-vous déposé les droits sur ce nom car le groupe américain est déjà auteur de trois albums alors que pour Brutalism, il s’agit du premier album ?!
Tout est en ordre d’un point de vue légal. Je pense que la musique se chargera d’effacer tout quiproquo. Brutalism fera vivre Mur à sa manière et la suite encrera ce nom en l’associant à la musique de Mur. Notre Mur. (sourires)

Comment décririez-vous la musique du groupe avec vos propres mots ou termes ? On navigue entre sonorités Black Metal froides et violentes, Indus/Electro noisy et Dark ambiant…
C’est exactement cela. Si ces termes peuvent servir à définir notre musique, nous en sommes ravis. Nous avons, en revanche, la volonté de faire coexister ces styles en les liant. Naviguer, c’est le terme parfait. Il faut que la musique coule dans l’univers de Mur…

Quel rôle ou place accordez-vous aux instruments électroniques ou synthétiques et des samples dans vos morceaux ? Composez-vous plutôt de manière traditionnelle (guitare, basse/batterie ou piano/synthés) ou bien sur ordinateur à l’aide d’un séquenceur pour programmer certains instruments puis coucher les lignes de guitares et parties rythmiques ensuite ?
Nous ne samplons rien. Le clavier joue une part importante dans l’identité du groupe, et ses parties sont jouées live. Nous composons intégralement en répétition, sans M.A.O. (NDLR : Musique Assistée par Ordinateur).

Vous sentez vous proches de groupes assez singuliers tels que les Australiens de The Amenta (plutôt silencieux ces derniers temps) ou vos voisins anglais d’Anaal Nathrakh par exemple, artistiquement parlant ?
Les deux groupes que tu cites sont excellents. Nous sommes tous inspirés par notre vécu, nos écoutes, nos parcours. Mais nous ne sommes pas directement inspirés par des groupes tant nous avons des bagages différents. Ce dont nous nous sentons proches, quand nous sommes dans la même pièce, c’est de Mur. Nous savons ce que ce groupe doit être et ce qu’il doit produire.

Vocalement, le chant oscille entre chants Black et Hardcore en fait. Y’a-t’il un seul chanteur ou plusieurs et ne craignez-vous pas d’être trop Black pour les fans de Hardcore, et inversement trop Hardcore par moment dans le chant pour les fans de True Black Metal par exemple ?
Nous n’avons qu’un chanteur. Jay a effectivement un très large panel d’expression. Nous voyons ça comme une richesse. Je ne crois pas que les auditeurs soient encore prisonniers des clivages du « True Black Metal ». Et s’il s’agit d’être « true », en un sens nous le sommes. Notre musique est sincère, comme pouvait l’être celle des pères fondateurs. Ils ont très bien fait leur travail et ont créé ce qu’ils avaient à créer. Mais produire un énième album de Black Metal « à l’ancienne » aujourd’hui serait désuet.

Premier album Brutalism de MUR (2019 – Les Acteurs de l’Ombre)

Mur avait déjà sorti un EP éponyme en 2014 sur le label Doweet.org. A présent vous publiez votre premier album Brutalism sur le label Les Acteurs de l’Ombre. Allez-vous être distribués physiquement et en numérique un peu partout dans le monde et envisagez-vous une tournée ailleurs qu’en France en fonction des premiers retours, ou bien Mur est uniquement un concept artistique studio comme parfois le sont certaines formations de Black Metal expérimentale… ?
Dooweet a fait du bon travail lors de la sortie de l’EP. Nous avons la chance de travailler avec Les Acteurs de l’Ombre Prod. sur cet album. Ils ont fait jusqu’à présent un travail remarquable. Notre album sera distribué en physique et en digital à l’international. Nous allons présenter notre musique sur scène. D’ailleurs nous travaillons actuellement le show. Ça promet d’être un moment spécial pour les spectateurs.

Enfin, quels sont les projets pour cet automne et l’an prochain ?
Tourner et écrire. Nous composons déjà la suite…
A bientôt avec plaisir.

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