NORD : Une signature émotionnelle rare

NORD

Du haut de la France, le quatuor NORD s’apprête à sortir un deuxième album riche et déroutant, dans lequel se croisent des paysages musicaux contrastés. Définitivement inclassable, « The Only Way To Reach The Surface » (Klonosphere) privilégie un Rock technique et particulièrement organique. [Entretien avec Romain (bassiste), Thibault (batteur), Florent (guitariste et chanteur) et Manu (guitariste, chanteur et claviers) par François Alaouret – Photo : DR]

 

Avant de parler de ce nouvel album, revenons un peu en arrière, car avant de vous
appeler NORD, vous répondiez au doux nom de Light Deflection. Qu’est-ce qui a motivé ce changement de nom ?
Romain : Lorsqu’on a commencé sous le nom de Light Deflection, nous étions trois amis originaires du Nord de la France, et après quelques années et un changement de line-up, on s’est finalement décidé à trouver un nom qui nous liait tous. Notre amour pour cette région a donné ce nom qui, non seulement, nous rassemble mais qui est aussi plus simple à retenir, ce qui nous paraissait essentiel pour un premier album.

La sortie de votre premier album, « And Now There’s Only A River Left Behind » en 2018, a-t-elle aussi amorcé un changement de direction musicale par rapport à votre tout premier EP ?
Thibault : Pas nécessairement, ce premier album restait dans la continuité de notre EP, on pensait garder ce côté power-trio efficace, mais très vite le manque d’un deuxième guitariste s’est fait sentir pour les concerts, et c’est là que Manu entre en jeu. C’est pourquoi le changement de direction est bien plus fort sur ce nouvel album, car on a un musicien polyvalent (guitare, synthétiseurs, voix) qui est arrivé avec de nouvelles idées et de nouvelles influences.

« The Only Way To Reach The Surface » est sur le point de sortir et il propose des atmosphères aussi opposées que déroutantes. Vous êtes capables de passer d’une ambiance presque psychédélique à des titres Post Rock, voire Metal Extrême. Et il en va de même pour le chant, qui montre une certaine complexité…
Florent : On dit souvent que le troisième album est celui de la maturité, le deuxième se doit alors peut-être d’être celui de l’expérimentation ? C’est pourquoi on a poussé au maximum toutes les idées qu’on avait : rajouter du chant saturé, assumer les changements de genres, oser les signatures rythmiques déroutantes… Bref, on ne s’est fixé aucune limite. Nos influences n’y sont pas pour rien, des groupes comme Between The Buried And Me, Dance Gavin Dance ou encore The Mars Volta n’ont pas peur de leur diversité !

Ce deuxième album bénéficie franchement d’une grosse production que nécessite d’ailleurs la complexité de votre musique. Dans quelles conditions s’est passé l’enregistrement ?
Romain : Nous avons enregistré pour la troisième fois au Boss Hog Studio, avec Clément Decrock en qui nous avons une confiance infinie. Et malgré la technicité de cet album, on y est plutôt allé à l’aveugle, principalement par manque de temps. Mais tout le challenge était là : enregistrer un album en l’ayant très peu (voir pas du tout) joué ensemble. Chacun avait carte blanche et ça s’est fait assez naturellement. Big up à notre compère guitariste Manu qui habite à Lille et qui nous a fait découvrir quasiment 100% de ses parties guitares en studio. En tout cas, nous sommes fiers du résultat !

Beaucoup de ces nouveaux titres oscillent entre gros coups de Blasts d’un côté et des mouvements propres au Rock Progressif de l’autre, notamment sur les guitares. Malgré une forte technicité, NORD sonne plutôt expérimental avec des moments presque doux et des passages très accessibles. Là encore, c’est votre manière de dérouter l’auditeur, ou de mieux l’embarquer ?
Florent : Je dirais qu’il y a un temps pour la violence, et un temps pour l’apaisement en musique. On aurait la sensation de toujours faire la même chose si on avait que des passages techniques et intenses en continu. Les textes sont assez personnels et ces moments doux, voire Pop, sont un peu une signature émotionnelle que l’on tient à garder depuis le premier EP.

A l’écoute de « The Only Way To Reach The Surface », on sent une multitude d’influences très variées et parfois même difficilement conciliables. Musicalement, NORD fait preuve d’une grande richesse musicale. J’ai le sentiment que vous demandez de vous ancrer dans un registre unique serait peine perdue…
Thibault : On s’est très souvent cachés derrière l’appellation « Post-Rock ». Mais en effet, nos influences sont assez variées, et on n’a aucune envie de se figer dans un genre. Néanmoins comme beaucoup de groupes, nous sommes à la recherche d’une identité depuis nos débuts, et je pense que cet album est un premier grand pas vers une musique qui nous ressemble vraiment.

Un petit mot sur les guests qui viennent mettre un beau relief sur cinq de vos morceaux. Alors que NORD fait un usage assez conséquent de samples, vous aviez le désir de conserver un aspect plus organique sur certains titres ?
Manu : « Organique » a été notre mot-clef durant toute la préparation de cet album. Il faut savoir qu’uniquement certaines percussions ont été samplées sur cet opus. Pour le reste, nous avons fait venir des cordes et des cuivres en studio, et tous les autres sons proviennent de synthétiseurs joués en direct, même le vocodeur sur le morceau d’ouverture. Et on compte bien réutiliser ces instruments en live !

Pour conclure, Vous allez défendre ce nouvel album sur scène. Y a-t-il certains pays où vous pensez que votre musique sera la mieux accueillie ou peut-être la mieux perçue, en dehors de la France bien sûr ?
Florent : On ne désespère pas de toucher un peu de monde au Royaume-Uni, qui regorge de groupes originaux qui n’ont pas peur de sortir des clous. On a également eu la chance de jouer en Allemagne, où le public était assez réceptif à notre musique. On verra bien ce qu’ils nous diront quand on y retournera !

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