The last internationale : Soul on Fire

The Last Internationale

Après un premier album We Will Reign sorti en 2014 sur une major et salué par la critique, The Last Internationale revient avec Soul on Fire. Cet album, complètement auto-produit, a été enregistré en mode DIY par le duo new-yorkais. Et le constat est sans appel : le pari est plus que réussi. Le son y devient plus brut, la voix de Delila Paz associée aux lyrics dark font mouche… Et ce n’est pas un hasard si Tom Morello (Rage Against The Machine) en est le producteur exécutif. [Rencontre avec Edgey Pires (guitare) par Aline Moiny – Photo: DR]

Vous allez bientôt partir en tournée à travers l’Europe et au Royaume-Uni. Comme vous sentez-vous ?
Et bien tout de suite, nous sommes en pleine préparation de la tournée. D’ailleurs, notre batteur arrive demain pour travailler avec nous. On ressent donc beaucoup de choses. Et c’est vraiment excitant.

Cela fait d’ailleurs, plus de deux mois que Soul On Fire est sorti. Comment le public réagit à ce nouvel album, très différent du premier ?
J’avais peur que le public n’apprécie pas et plus spécialement ceux qui connaissaient notre premier album… Mais la ligne première était de suivre notre instinct. Nous savions qu’il fallait aller au plus profond de nous, que le public voulait qu’on revienne à nos racines et c’est l’album que nous avons fait. Heureusement, tout le monde l’adore. Le public du début l’aime aussi. Et nous sommes heureux de tout ça.

Peux-tu m’en dire plus sur votre départ d’une major et d’avoir auto-produit Soul Of Fire dans un studio au Portugal ?
C’était un moment critique pour nous, un moment très dark. Quand nous avons quitté la major, ce n’était seulement la quitter comme « C’est bon, on quitte le label ». C’était une atmosphère plus compliquée. Ce n’était pas nous qui les quittions mais plutôt les personnes avec qui nous travaillions qui nous abandonnaient. Le manager a disparu par exemple… Les promoteurs… Même les gens avec qui nous étions amis… On est passé par quelque chose de très difficile. Nous n’avions pas d’argent pour faire l’album… On se sentait mis de coté. Bref, c’était vraiment hard. Mais c’était justement le meilleur moment pour nous pour produire un nouvel album. On n’avait rien d’autre à faire d’ailleurs. C’est vraiment compliqué pour moi de l’expliquer parce que la partie la plus dure était la partie psychologique. Notre estime de nous était vraiment au plus bas. On se sentait comme des merdes. Comment on écrit un album comme on a autant d’estime pour nous-même que pour une poubelle. Et il y a eu des gens comme Tom Morello, qui est notre mentor… Ce genre de personnes qui te donne du courage. Et bien sûr les fans qui nous soutiennent tellement. Et nous ne pourrions pas espérer avoir plus de soutien.

Comment avez-vous travaillé sur l’écriture des paroles, des mélodies ?
Il n’y a pas de formule magique. Delila est une personne très passionnée. C’est elle qui écrit ! Elle a beaucoup de mélodies en stock. De paroles également. Je l’aide et elle aussi m’aide pour les riffs de guitare. Puis on mixe tout ensemble. Bien sûr, Tom Morello nous a aidé et pourrait d’ailleurs participer à notre prochain album. Mais il a pas mal de choses à faire avec RATM…

Et pourquoi ce choix d’un studio au Portugal ? Pourquoi pas à New York ? Qu’est-ce que cela apporte à votre nouvel opus ?
Les studios que l’on préfère se trouvent au Portugal. Je pense que si tu arrives dans un studio qui a beaucoup d’histoire comme Sunset Sound à LA, là où nous habitons … Comme Electric Lady Land Studio à New York qui a une grosse réputation… c’était une belle expérience. Mais pour celui-ci, si tu veux être DIY, tu ne veux aucune influence extérieure, nous voulions un nouveau son. Et Joao Brandao est une personne très créative. On voulait créer un environnement où personne n’essayait de nous influencer. On voulait se concentrer sur le fait d’être plus original. On le sent clairement dès le début de l’album. Et je pense que pour le prochain, nous continuerons à évoluer dans ce sens.

J’ai vu quelques un de vos lives et c’est impressionnant. Est-ce que vous vous considérez comme un live band ?
Oui, là maintenant, on se considère plus comme un live band. Il y a quelque chose de spécial à jouer en face d’une foule et de penser « est-ce que les micros sont bien en place ? » « est-ce que les guitares se suivent ? ». Un genre de chaos. Tu écoutes la batterie et la guitare reprend le rythme avec la même énergie. Cela donne une expérience différente d’écoute de notre son. C’est toujours une bataille entre le studio et le live act. Car l’album studio semble toujours meilleur mais quand tu les joues, les chansons se transforment et sonnent différemment. Cela donne des pistes pour le prochain album. Je ne sais pas ce que cela sera. Peut-être un jour, nous écrirons des trucs commerciaux… Bref, tu retournes au studio et tu fais un meilleur album. Des trucs auxquels tu n’aurais jamais pensé.

Comment votre groupe est-il né ?
Le groupe est né de Delila et moi. On est de New York et nous avons commencés à jouer il y a 8 ans ensemble. Nous n’écoutions pas ce que nous jouions. Nous avons découvert le folk ensemble. On ne se connaissait pas mais nous étions dans la même phase de protestation. Delila chantait Pete Seegers… Elle connaissait Robert Johnson. Moi j’étais plus dans le blues, dans la folk. Mais nous avons tous les deux grandi avec le hip hop. On n’écoutait pas les Rolling Stones. On était plus dans le Wu Tang. Pour nous, le rock a toujours été un concept trouble. Mon père écoutait beaucoup les Beatles. Ce qui a apporté une grande influence. Comme pour Delila qui
écoutait beaucoup Siouxie and the Banshees ou alors Patti Smith. Il y a des éléments punk là-dedans. Mais le meilleur rock reste quand même celui des années 90 comme Nirvana et RATM. Et maintenant, on a Kendrick Lamar qui bouscule les codes. Et nous voulions le faire à cette manière: réinventer le rock comme le fait Kendrick à ce jour. Et qui sait ce que nous allons sortir dans le futur ? Nous allons repousser les limites sur notre prochain album.

J’ai également vu que vous êtes venus en France en Décembre, vous allez revenir en février. Comment ressentez-vous le public français ?
La dernière fois que nous sommes venus à Paris, la foule était formidable. On a aussi fait un show en Décembre. Je pense que le public français a une vraie passion comme nous, nous pouvons avoir à New York. C’est donc génial.

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Rappelons que The Last Internationale sera en tournée en France fin février et qu’ils joueront aussi en live dans l’émission Taratata du 21 février.

The Last Internationale

Soul on Fire

Rock Blues

Indépendant

★★★★☆

Si l’on retrouve immédiatement l’énergie rock blues du duo New-Yorkais et ses paroles engagées, Soul Of Fire n’a pourtant rien à voir avec le précédent album. le principal atout de cet opus est très certainement le côté DIY voulu et très réussi du mixage. Le son y est plus rugueux, les guitares sont surboostées, la voix de Delila Paz se veut moins policée… Bref, c’est un vrai tournant dans la carrière du groupe et on prend plaisir à se laisser emporter par cette douce violence. [Aline Moiny]

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