TRIVIUM : Un doux murmure

Annoncé un peu par surprise, ce nouvel opus des Américains de Trivium n’en demeurait pas moins très attendu. Avec un effort précédent de haute volée, et qui avait vu arriver en son rang le monstrueux Alex Bent derrière les fûts, le challenge était de taille. Il commença dans un premier temps par la conservation de ce fameux Alex, le groupe ayant la fâcheuse tendance à user ses batteurs à la vitesse grand V. Tout va bien pour notre quatuor qui lâche donc les fauves sur ce disque ambitieux et en tout point remarquable. [Entretien avec Matt Heafy (chant, guitare) par Julien Meurot, julien@metalobs.com]

Vous avez enfin réussi à vaincre la malédiction du batteur, félicitations !!!
(Rires) Oui, enfin ! Pour la première depuis bien longtemps je n’ai pas eu à m’inquiéter de la batterie pour l’album. Mieux même, nous avons vraiment développé une relation de confiance et d’amitié qui donne à ce disque une saveur toute particulière. Alex est un mec qui nous ressemble et qui cherche la même chose que nous : être le meilleur. Alors attention, aucune prétention là-dedans, car nous savons tous que c’est impossible, mais nous travaillons tous notre instrument, régulièrement et de manière intensive, pour sans cesse nous améliorer. Alex est comme ça et moi aussi. C’est plaisant comme sentiment d’être entouré de personnes sérieuses, l’ambiance est très zen.

D’autant que, maintenant que tu as des jumeaux, l’ambiance à la maison n’est pas de tout repos. On te voit souvent dans de mauvaises postures sur les réseaux sociaux !
(Rires) Tout à fait. C’est ma plus grande aventure et j’avoue que, quand j’ai su que nous attendions des jumeaux, j’ai un peu flippé. Mais, maintenant que tout est rodé, c’est génial.

A contrario, rien n’a filtré sur le net concernant l’arrivée de ce disque, pourquoi ?
La stratégie a été décidée ainsi. Ce n’est pas le plus important, car nous avons beaucoup tourné et nous sommes en contact permanent avec nos fans, entre autres, via ma chaîne Twitch. Mais, maintenant que la machine est lancée, vous allez entendre parler de ce disque.

Que répondrais-tu si je te disais que le premier mot qui m’est venu, après l’écoute de cet album, est « progressif » ?
J’adore et je pense voir ce que tu veux dire. Sur ce disque — encore plus que sur les autres — nous avons lâché les chevaux et nous nous sommes fait plaisir. Si l’on regarde notre discographie, nous avons à peu de chose près appliqué la même façon de fonctionner, quelque chose de très instinctif. À trois reprises, nous avions une idée précise de la manière dont le disque devait sonner et nous avions tout fait pour que les titres rentrent dans le moule. Je te parle de The Crusade, Vengeance Falls et Silence In The Snow. Mais, si tu prends les autres albums, ils sont plus variés, et, sur ce nouvel album, c’est encore plus flagrant. Donc, il y a clairement des passages plus barrés.

Comme le pont sur le titre éponyme qui est incroyable.
Alex a fait des miracles, c’est bien vrai.

Et, encore une fois, tu arrives à hausser ton niveau vocal avec des mélodies excellentes et un chant vraiment très extrême.
Déjà merci. Et l’on en revient à ce que je te disais plus haut. Depuis que je me suis cassé les cordes vocales en hurlant n’importe comment, je travaille mon chant et je bosse très dur. Là aussi, je vise des chanteurs comme Freddie Mercury. Tu sais autant que moi je ne pourrai jamais y arriver, mais c’est l’objectif à se fixer (rire). Et puis, sur ma chaîne, je chante de plus en plus des choses très variées et je m’exerce hors de ma zone de confort. Cela me fait progresser.

Le choix des titres à jouer pour les prochains concerts va être compliqué, car l’album regorge de hits en puissance.
Tant que le problème se posera dans ce sens je serai le plus heureux des hommes. Ce sont les premiers retours de journalistes que j’ai et ils sont tous positifs. Par le passé, on voyait une disparité en fonction des pays. Tel album était plus populaire dans tel pays, mais là c’est assez unanime, alors que dire de plus, si ce n’est que je suis comblé.

Tu l’as dit plus tôt, Twitch a une part importante dans ta vie, quand tu n’es pas en tournée. Tu y es omniprésent, c’est très plaisant de te suivre sur cette plateforme.
J’adore ce format et, quand je ne suis pas sur la route, c’est ma source de revenus principale. Je me suis monté un studio à la maison et je passe beaucoup de temps à y jouer ce que les gens veulent entendre. C’est super amusant, ça me fait travailler et je suis en contact direct avec nos fans. C’est vraiment génial.

Pour finir, un mot sur ta sangle de guitare signature qui est très particulière. On ne pensait pas qu’un solide gaillard comme toi pouvait avoir tant de problèmes de dos. C’est d’ailleurs un sujet dont on parle peu au sujet des instrumentistes.
Je sais qu’elle n’est pas très belle, mais le fait d’accrocher sa guitare sur les deux épaules permet une meilleure répartition du poids. Sur scène, je ne joue plus qu’avec des Les Paul, qui sont souvent lourdes et ma sangle s’adapte parfaitement à cette forme. Pour les modèles « plus Métal », cela ne marche pas forcément, mais tu peux retirer la deuxième sangle et donc l’utiliser normalement. Je suis content d’avoir pu développer ce produit, car c’est une chose à laquelle on ne pense pas. Mais, quand l’âge te rattrape, cela peut te soulager.


What The Dead Man Say - TRIVIUM
TRIVIUM
What The Dead Man Say
Heavy/Thrash Metal
Roadrunner

Après un The Sin And The Sentence éblouissant, il était bien difficile pour les américains de faire mieux. Et pourtant le pari est remporté pour une simple et bonne raison. Sans barrière, ni complexe et toujours armé de leur surdoué de batteur Alex Bent, le quatuor lâche les chevaux. Le résultat ne se fait pas attendre puisque dès le premier titre nous en prenons plein les oreilles.

Riff accrocheur et percutant, break de folie et un chant au top. Le disque est donc sur de bons rails et il n’en sortira jamais. Mieux encore chacun pourra y trouver son bonheur que l’on soit fan de première heure ou bien adepte des disques plus récents. La production de Josh Wildur (Lamb Of God, Gojira) est parfaite et met en avant tous les instruments. Car si l’apport de Bent est incroyable (quels patterns de malade), le trio original ne ménage pas ses efforts pour nous en mettre plein la vue. Matt Heafy (chant, guitare) a une nouvelle fois progressé au niveau du chant et l’on se prend rapidement a pousser la chansonnette avec lui. Un « must Have » du groupe a n’en pas douter !!! [Julien Meurot]

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