UNDER THE CONFLICTS
Génération nanar

Quoi de mieux qu’un disque de Hardcore/Metal ou un film de série Z pour se changer les idées quand on reste confiné durant des mois chez soi ! Le jeune groupe vendéen Under The Conflicts, propose le remède anti-crise en combinant ces deux centres d’intérêt avec énergie et bonne humeur sur son premier effort autoproduit Nanar Nation, sans oublier de dénoncer certaines discriminations quotidiennes dans notre belle société en défendant par exemple la cause animale en tant que membre de Hardcore Cares. [Entretien avec Max (chant) par Seigneur Fred – Photo : DR]

Peux-tu résumer l’histoire du groupe en quelques mots, stp ? Under The Conflicts : c’est une histoire entre potes fans de Métal et Hardcore au départ ?
Exactement ! Alex (guitare solo) et Nicko (batteur) sont des potes de très très longues dates ! Mat, notre bassiste, était à l’école avec Alex et pour Gus (guitare rythmique), je l’ai rencontré au football américain. Il venait d’arriver et on a tout de suite accroché. Il se trouve qu’il était zikos aussi, donc tout s’est déroulé très vite !

Il existe déjà des groupes avec un nom très proche du vôtre, je pense en particulier au regretté groupe poitevin Inside Conflict dans un genre plus brutal Death/Grindcore. Pourquoi avoir choisi un tel nom alors ?
Eh bien tu vois, je ne savais pas ! Alors le nom est venu du fait qu’on met en avant une thématique nanardesque et il est vrai que dans le Hardcore les discours sont souvent politisés. Bien sûr, on a nos opinions qui vont totalement dans la lignée du style et les sous-entendus ne sont pas rares ! Nous sommes en partenariat avec Hardcore Cares et j’ai, entre autres, écrit un morceau « Normality » qui traite de la grossophobie mais la plupart de nos morceaux ont un but plus joyeux !

Votre premier album autoproduit, Nanar Nation, est paru en 2019. Êtes-vous en quelque sorte un groupe qui ne se prend pas forcément au sérieux avec un tel nom d’album, tout en faisant les choses sérieusement car c’est ce qui ressort à l’écoute de celui-ci ?
Je pense que tu résumes là tout à fait ce qu’on cherche à faire ressortir ! Beaucoup de gens qui n’écoutent pas de Métal ou de Hardcore après nos concerts viennent nous voir pour nous dire qu’ils ont partagé avec nous un super moment et qu’ils étaient bluffés par cette énergie. On adore tous profondément le Hardcore sous différentes déclinaisons mais on est plus des p’tits rigolos que des guerriers chevronnés, alors on mêle les choses qu’on aime faire et on essaye de le faire comme il faut !

Under the Conflicts @ Festival Gratmoila (La Chapelle Palluau) – 07 septembre 2019

Dans votre démarche artistique, est-ce que des groupes comme nos amis de Gronibard, Ultra Vomit et bien d’autres vous ont influencé en parodiant d’autres groupes de Métal ainsi que les vieux films de Chuck Norris, les séries B, des dessins animés cultes des années 80/90 mais aussi la Zumba (« Zumbacore ») le tout à votre sauce Punk/Hxc/Metal ?
Alors on a des plus jeunes dans le groupe qui ont été bercés par Ultra Vomit donc il serait mentir de dire que quelque part le fait de rapprocher ces passions leur soit étrangère. Après, je pense que musicalement le fun est moins « évident » que ce qu’ils proposent, on tente de rester sur un Punk-Hardcore parfois Métal assez « sérieux » tout en levant des sourires ! Donc si on résume, l’existence de ces groupes n’est sans aucun doute pas étrangère au chemin qu’on a décidé de prendre !

Dès l’intro « Enter In The Nanarmy », on plonge donc dans une ambiance tout droit inspirée de films, dessins animés et jeux vidéo. Comment avez-vous composé ce premier titre : en compilant des samples de génériques de dessins animés, ou bien avec un vieux clavier Bontempi ? (rires)
Hé bien, figure toi que c’est un medley de nos propres riffs que tu retrouves sur Nanar Nation ! C’est notre bassiste Mat qui a fait l’enregistrement et le mixage de l’album. Il nous a proposé ça, son boulot a fait l’unanimité ! On est fans !

Musicalement, vous proposez un Hardcore/Métal plutôt rentre-dedans mais toujours dans une ambiance encore une fois bon enfant à l’image de vos vidéo-clips plutôt festifs comme « Under The Conflicts » ou bien l’énorme « Zumbacore ». Peut-on vous définir ainsi ? C’est ça votre objectif avec Under The Conflicts ?
Tout à fait ! Mais comme j’ai pu en parler un peu plus haut, on ne veut pas se définir non plus comme un genre « Humouristic Hardcore ». Under The Conflicts c’est du Nanarcore, mais le Nanarcore c’est quoi donc ?! C’est un Punk-Hardcore qui décolle les cervicales, qui te donne envie de faire des moulinets et qui te fait marrer en même temps, tout pour passer un bon moment avec une bière à la main (vide de préférence si t’es dans le pit). (rires)

Comment et d’où vous est venue l’idée de faire un titre comme « Zumbacore » ? C’est l’une de vos copines ou une belle-mère qui prend des cours de Zumba à la salle de sport du coin et vous aviez envie de vous vous moquer des nombreux adeptes de cette licence Zumba au public majoritairement féminin, car après tout le Hardcore ou le Métal, c’est aussi une activité sportive en concert dans le pit ou sur scène ? (rires)
Haha, on l’attendait ! (rires) Alors c’est tout simplement venu d’Alex qui avait appris le riff à la guitare pour faire marrer du monde lors de ses colonies de vacances l’été. Un jour, il nous a sorti ça en répète et Nicko notre batteur a suivi, c’est parti en délire entre potes et on s’est dit : « allez, pourquoi pas ? ». En plus mon frère est coach sportif. Il ne donne pas de cours de Zumba mais on ne va pas se cacher que tout ce qui est steps, fessiers, abdos & cie, c’est très proche ! Alors un petit clin d’œil s’imposait au passage ! (sourires)

Votre album Nanar Nation a été enregistré et mixé par vous-mêmes et masterisé par Nomad Audio (Stinky, Klone…). Comment s’est passé justement l’enregistrement car entrer en studio pour un premier album n’est jamais facile pour une jeune formation : il faut prendre ses repères, faire tout un tas de réglages, et ne pas trop stresser, non ?
Justement, nous ne sommes pas rentrés en studio à proprement parler, notre local de répète offre la possibilité de connecter tout ce qu’il faut et il se trouve que notre bassiste est donc aussi ingé-son. On a pris le temps de découvrir cela à notre rythme sans pression de temps. On a pu faire beaucoup de remise en place et avoir un certain recul sur note travail, ce fut très enrichissant ! Nous avons ensuite envoyé nos morceaux enregistrés et mixés à Nomad Audio qui s’est chargé du mastering. Pour le prochain album, nous souhaiterons cette fois justement passer en studio pour voir encore autre chose !

Si demain un gros groupe français comme Rise Of The North Star vous propose d’ouvrir pour eux sur leur prochaine tournée européenne, accepteriez-vous ou bien ils sont trop sérieux avec leur concept de mangas et de Ken ? (rires)
On adore tous ce groupe, ça serait un honneur de jouer avec eux ! Pour nous justement, mêler le sérieux avec notre petite touche de fun permet de rendre l’ambiance « bon-enfant » et peut sans aucuns soucis coller à une soirée avec ce type de groupe ! Alors pour te répondre, on dirait oui, sans aucune hésitation !

Under the Conflicts @ Festival Gratmoila (La Chapelle Palluau) – 07 septembre 2019

Comment résumeriez-vous les influences du groupe car elles semblent assez variées : Punk, Hardcore, Néo Metal, Groove Metal… etc. ?
Eh bien moi, j’écoute énormément de Hardcore comme Madball, Terror ou Comeback Kid ou du Punk comme Bad Religion tout comme je peux être très Hip-Hop tel que Snak the Ripper, Tom McDonald ou Mad Child ! Nicko est très branché Hardcore et Punk old school, Sick of it All, Minor Threat, Pennywise, Lagwagon… Alex à la base était très Power Metal mélodique à la Helloween ou Gamma Ray mais il s’est très diversifié en allant sur du Death mélo comme Nightrage ou Ensiferum, au Mathcore de Protest The Hero voire du Hardcore avec Get The Shot et bien d’autres ! Gus quant à lui est très Thrash à la base, un fan de palm mute inconditionnel, ce n’est clairement pas étranger dans son amour inconditionnel pour Get The Shot justement ! Mat est notre grindeux, fan de Métal le plus poussif possible, un gros gros fan de Benighted pour ne citer qu’eux !

À la fin de l’album, votre reprise d’Indochine m’a quelque peu surpris à vrai dire. Elle est très réussie, notamment au niveau du rythme. Indochine est-elle une de vos influences en matière de Pop/Rock ? Vous avez grandi avec Indochine et la parodie des Inconnus dans les années 90 peut-être ? (rires)
Ah ce fameux morceau ! (sourires) Nicko et moi sommes les plus « anciens » du groupe avec notre trentaine passée, on fait partie des types qui écoutaient la musique des années 80 en camping ou en boite quand on était gosses et c’est aussi parti d’un délire en répète là encore. On a trouvé ça fun et comme la majorité des gens connaissent les paroles et bien le contact se crée tout de suite et tout le monde chante ! (sourires)

Mine de rien, Nicolas Sirkis et Indochine ont une carrière importante et très longue, certes essentiellement en France. Ils ont rempli le Stade de France et enregistré divers shows à Paris Bercy ou au Zénith, respect ! Aimeriez-vous avoir une telle carrière musicale dans le métier ou Under The Conflicts c’est juste pour le fun et doit le rester ?
Ouais, total respect à une carrière aussi longue ! Et bien qui vivra verra, une chose est sûre c’est que nous adorons ce que nous faisons et que nous ne nous mettons aucune limite ! Tant que le fun fera partie de l’aventure, on sera en marche !

Quand la crise sanitaire et économique actuelle liée au corona virus disparaîtra peu à peu, quels sont vos projets de tournée pour cette année ou l’an prochain ? Avez-vous des concerts de prévus dans le grand Ouest ou ailleurs en France ? Des participations à des festivals ?
En fait, nous devions partir sur note toute première tournée « Moshpit Sentence Tour » avec nos potes niçois de Dissident du 30 avril au 08 mai 2020 sur Toulouse, Toulon, Nice, Lyon, Angoulême et Nantes mais on doit la décaler, on la reporte sur deux semaines du 06 au 22 novembre 2020 ! Le booking est en cours et quatre dates sont déjà convenues ! Ensuite on devait aller en Espagne et au Portugal début août puis en Italie un peu après mais je pense que ça va devoir attendre un peu… Donc on commence à booker un maximum pour partir sur la route dès que ça sera possible !!

Est-ce que cette période de confinement est propice à l’inspiration depuis ces derniers mois et a pu vous booster en termes de créativité ? Une chanson de Hardcore par Under The Conflicts sur le thème du corona virus (ou « Covid-19 » pour les intimes) est-elle envisageable par le groupe ou bien vous prenez ça au sérieux et respectez trop les proches des victimes en France et dans le monde (peut-être certains proches d’ailleurs…) ? Comment voyez-vous les choses d’un point de vue plus personnel et éthique ?
Hé bien nous avons pas mal de trucs en cours et continuons à peaufiner ça ! Personnellement je pense qu’on peut rire de tout mais qu’il y a un délai de prescription, une chanson là-dessus n’est pas vraiment dans notre registre. Ultra Vomit a fait un petit clin d’œil au tout début du confinement avec leur concert à huis-clos et leur remix du morceau « Les Bonnes Manières » pour chopper les bons gestes à adopter, ça leur va si bien qu’on leur laisse !

Enfin, peux-tu citer l’une de tes répliques préférées d’un bon nanar ? Dans un film avec Chuck Norris ou bien un grand western spaghetti, par exemple ?
Ah, perso j’adore une réplique pleine de profondeur et de sens nous provenant du grand dramaturge Steve James dans American Warrior : Le ninja blanc : « Allez, venez bande de minables ! ». Ou sinon, oui, un bon Chuck Norris aussi : « Je mets les pieds où j’veux Little John, et c’est souvent dans la gueule ! ». (rires)

Et quel serait ton top 5 en matière de nanars cultes justement ?
C’est super dur et vraiment situationnel, un nanar se choisit en fonction de la période de ta vie, la situation mentale dans laquelle tu te trouves et même ton degré d’alcoolémie je ne te connais pas encore assez intimement pour te dire quel nanar te collera le plus à la peau, mais je peux te citer cinq valeurs sûres :
– La Revanche de Samson : avec Paul Hay, un bodybuildeur australien poids lourd en rôle principal… Voilà c’est loupé il est mauvais, musclé mais mauvais. Les dialogues sont risibles, les combats clairs et précis, les dialogues simples et dénués de tout !
– Braindead : un véritable chef d’œuvre, un des tout premiers films du très connu Peter Jackson après Bad Taste, ce film pour moi a posé les bases du nanar assumé : du sang, du grotesque, des dialogues simples et efficaces ! Une tuerie pure et dure !
– Killer Klowns From Outter Space : un film réalisé par deux frangins potes de Matt Stone et Trey Parker (South Park, Captain Orgasmo, Team America…). C’est fun, les déguisements absolument hilarants, un vrai spectacle pour les yeux !
– Forest Warrior : car il faut bien un Chuck Norris dans un top 5 de nanars ! (rires) C’est un mauvais film d’action/aventure pour enfants. Regarde-le, passés vingt ans, ça devient un véritable scandale. Tout est loupé, des méchants à la Walker Texas Rangers aux transformations de Chuck en ours en passant par les dialogues des gosses !
– Samurai Cop pour le petit dernier : une véritable pépite, un clan de mafieux asiatique nommé les « Katanas » (ouais, super original) qui doit compter deux asiatiques à tout péter, on voit une fois maximum un Katana donc le « Samurai Cop ». C’est totalement hors sujet, un acteur absolument mauvais qui n’est autre qu’un ancien garde du corps de Sylvester Stallone. Tu passes d’une course poursuite (qui montre plus ou moins la même scène en boucle) à une scène semi-X sans aucune transition, assurément un pur moment !

UNDER THE CONFLICTS
Nanar Nation
Hardcore/Metal
Autoprod.
★★★★☆

Nos régions ont du talent ! Bon, ça on le savait déjà. Dans l’ouest de la France, nous avons déjà nos amis d’Ultra Vomit en matière de Métal parodique, mais le créneau équivalent dans le Hardcore était encore libre. Originaire de Vendée, Under The Conflicts a tout compris sans toutefois en abuser (les amusants « Zumbacore » ou « Jaw Boyard ») ni s’y cantonner trop facilement (« Normality » et sa dénonciation de la grossophobie dans notre société). Avec ce premier album autoproduit en hommage aux meilleurs nanars de la Terre dont les meilleurs films de Chuck Norris, mais aussi aux émissions TV et jeux vidéo cultes (« Mortal Kombat ») ayant marqué leur jeunesse, nos cinq joyeux compères nous entraînent dans leurs délires musicaux vidéo-ludiques, le tout avec énergie et bon esprit même si le groupe compte bien s’imposer sur la scène hexagonale prochainement (« Under The Conflicts »). Enfin, une reprise décoiffante d’Indochine version HxC/Metal conclut avec entrain cette première aventure réussie et divertissante si essentielle en ces temps de crise. [Seigneur Fred]

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