WITHERED : Crise existentielle

Oscillant entre Death, Black et Doom, il est difficile de caser les Américains de Withered dans un sous-genre de cette riche musique qu’est le Metal… Leur nouvel et cinquième album, baptisé en allemand Verloren, rappelle ce mélange de styles dans le Metal extrême et nous plonge dans une certaine mélancolie… [Entretien avec Mike Thompson (chant et guitare) par Emma Hodapp – Photo : DR]

Pour commencer, comment vas-tu ? J’ai appris que tu as plutôt mal vécu la pandémie…
On va bien, merci. Ce n’était pas plus difficile pour nous que pour d’autres dans le monde. Les tragédies globales nous brisent le cœur. Nous avons perdu des membres de nos familles respectives pendant cette année et je suppose que j’ai souffert d’une crise existentielle dans les premiers mois de la pandémie. Withered est mon espace mental/spirituel sacré et je n’aurais jamais pensé qu’il pourrait être menacé de la sorte. Mais, ça s’arrange, je vais mieux et maintenant nous allons voir tous ces aspects plus au travers d’un point de vue de gratitude.

Le verbe allemand « Verloren » signifiant « manquer » en français. Peux-tu m’expliquer dans un premier temps pourquoi avoir choisir de nommer ainsi votre album en allemand alors que vous êtes américain ?!
Eh bien, en anglais “missing” (manquer en français), est un peu trop générique et trois de nos quatre titres d’albums précédents sont en latin et en anglais. Utiliser une autre langue nous aide à préciser le sens de manière spécifique l’état d’esprit de la musique. J’ai également des origines germaniques !

Mais alors pourquoi avez-vous choisi ce mot en particulier ? Que signifie-t-il pour vous ?
Dans ce cas-là, nous recherchions plus une signification proche de “mélancolie”, “égaré” ou “envie” de “Verloren”. En effet, ce verbe est plus phonétiquement de “mélancolie”, c’est pourquoi nous l’avons choisi. Le thème de l’album est le manque de chacun que l’on ressent suite à une tragédie personnelle. Les paroles explorent également ce qui pourrait nous manquer ou ce que la vie nous apprend comme leçon qui nous permettent de grandir et évoluer.

Vous dites souvent qu’il est compliqué de caser Withered dans un sous-genre du metal (death, black, doom). Ne pouvons-nous pas juste considérer que vous faites simplement du Withered et fait sa propre musique sans se classer dans un unique genre ?
Oui, absolument ! Nous ne sommes jamais engagés à autre chose qu’à la “musique extrême”. Nous avons des goûts musicaux très éclectiques et suivons nos instincts lorsque nous écrivons. J’ai grandi en écoutant seulement des groupes provenant des années 80 et 90 qui avaient tous le même son. A cette époque-là, il y avait peu de “scènes” et les groupes se ressemblaient tous. La musique extrême devrait être pionnière tout en honorant nos ancêtres.

CHRONIQUE ALBUM

WITHERED
Verloren
Black/Death Metal
Season of Mist

Une chose est sûre, c’est que le Metal est une musique cathartique, à même de faire ressortir et d’extérioriser nos émotions les plus sombres enfouies en nous. Withered le sait, et le groupe d’Atlanta utilise cette dimension pour exprimer le mal-être causé par la pandémie à travers Verloren, leur cinquième opus (et second chez Season of Mist) reprenant le verbe allemand signifiant littéralement “manquer”. Un verbe nullement choisi au hasard car, comme d’autres mots de la langue de Goethe, il peut cacher derrière lui plusieurs sens… La formation américaine offre à travers cris de plaintes et blastbeats rapides et puissants, un Blackened Death Metal émouvant, exprimant les angoisses que l‘on peut ressentir personnellement dans des périodes de solitude. En somme, dans sa fusion entre le Death et le Black Metal, Verloren prend aux tripes de par sa puissance et sa rage transpirées tout au long des huit morceaux composés et ici totalement exprimés par nos quatre Yankees. [Emma Hodapp]

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