AU-DESSUS
Voyage vers l’au-delà

Attention ! Voici venu un sérieux challenger sur la scène Black Metal européenne en cours de renouvellement. Auteure d’un EP éponyme paru il y a deux ans, cette jeune formation lituanienne nous interpellait déjà par la qualité de ses nouvelles compositions, très travaillées. Aujourd’hui, son Post-Black Metal saura vous séduire et achèvera de vous convaincre à travers son premier album, End Of Chapter (Les Acteurs de l’Ombre), doté de riffs inspirés et de subtils chœurs qui vous transporteront véritablement de l’autre côté du Styx… [Entretien avec Šarūnas Bedulis (batterie) par Seigneur Fred – Traduction Tieri Sansnom – Photos : Milda Sviridovaitė]

Au-Dessus-photo#1-300dpi-(c)Milda-Sviridovaitė

Comment vous est venue l’idée du nom de groupe Au-Dessus sachant que vous êtes lithuaniens et non français ? Pourquoi ce choix ?
C’est avant tout un choix purement « esthétique ». Le français est une des plus belles langues au monde et semble correspondre à notre musique. Nous aimons les sons produits par ce mot et son apparence a l’écrit.

Peut-être parlez-vous français ou êtes-vous intéressés par la culture française ? Avez-vous étudié cette langue à l’école, ou la fac’ peut-être ?
À l’école, j’ai dû choisir entre français et russe… J’ai pris russe, comme beaucoup à l’époque en Lituanie, ça semblait plus utile sur le moment… J’ai aujourd’hui quelques regrets, car nous passons de plus en plus de temps en France et les gens avec qui nous travaillons parlent français (NDLR : leur label Les Acteurs de L’Ombre).

Alors ce nom, Au-Dessus, doit-il nous amener à penser que vous vous sentez supérieurs par rapport aux autres groupes de Black Metal ?
Non, certainement pas ! D’un point de vue social, il est tout à fait naturel de parfois se sentir supérieur à d’autres. C’est même parfois bénéfique. Après tout, c’est le jeu ! Mais ça ne sera jamais partie intégrante de notre identité ou de l’idée que nous nous faisons du groupe. Nous avons beaucoup de respect pour tous les artistes, les vieux classiques ou ceux contemporains à cette scène. Nous sommes plutôt humbles quand nous avons la chance de pouvoir partager des concerts avec eux. Le nom du groupe fait ici référence à quelque chose de totalement différent, un peu comme le sens abstrait, caché, de quelque chose de plus grand que chacun de nous individuellement. C’est comme un truc indéfinissable, mais que tu ressens au plus profond de toi… La musique provoque souvent ce sentiment.

Plus sérieusement, vous avez enregistré cet album End of Chapter en mai dernier. Il commence par le titre VI, et s’inscrit juste après votre EP Au-Dessus enregistré en 2015. Pouvez-vous nous parler du concept d’End of Chapter ? Cela a-t’il à voir avec la mort de cet enfant, fille ou garçon, avec des pièces placées sur ses yeux comme dans le mythe païen du voyage en enfer, de la traversée du Styx et du portail de Cerbère ?
Ce visuel traite en effet de mythologie : pour atteindre la vie après la mort, il faut traverser le Styx sur le bateau de Charon et payer une taxe pour ce voyage avec les pièces déposées sur ses yeux. Ce visuel dépeint ce thème en trois images : la vie, la mort, et la rivière. L’artwork a été réalisé par Valnoir de Metastazis. Il a interprété le titre de l’album comme l’évidence de la mort, et a voulu derrière une vision poétique. La mort n’est pas forcément la fin en soi, mais une transformation vers quelque chose.

À propos de la production sonore de cet album, les chansons sont très axées sur les guitares qui sont mises en avant. Il y a un gros travail sur les guitares et les vocaux, y compris le chant clair. Où avez-vous enregistré cet album ? En Lituanie ? Trouve-t-on du bon matériel et de bons studios à Vilnius ?
Notre chanteur/bassiste Mantas a tout fait : enregistrement, mixage, supervision. Nous avons enregistré dans notre propre studio. Il ne s’agit pas d’avoir des tonnes de matos, tu sais… De bonnes oreilles restent l’essentiel !

Comment s’est passée la composition de ces sept nouveaux titres, car les riffs de guitares sont très intéressants et inspirés. On sent une évolution, un développement au sein de chaque titre. Avez-vous composé traditionnellement à la guitare, ou bien avez-vous utilisé des logiciels musicaux en studio comme Pro-tools, préparant échangeant ainsi des MP3 entre vous ?
Nous avons surtout tapé le bœuf pour saisir un instant ! Mais ça reste la contribution de chacun qui détermine l’issue finale. Certains arrangements sont faits lors de l’enregistrement d’ailleurs, certains titres sont quasiment écrits d’une traite, d’autres prennent plus de temps à mettre en forme avant l’enregistrement… Mais ce n’est jamais fait sur ordinateur ! Notre groupe est très axé sur la conscience.

Quelles sont les principales influences au sein du groupe, car on peut entendre des influences Black Metal Scandinave pur et dur tel que Gorgoroth ou Mayhem par exemple, mais aussi des passages plus atmosphériques avec des influences Post/Hardcore ?
Nous avons une très large palette d’influences, que ce soit de la musique électronique ou du Rock’n Roll, jusqu’à la Noise et au Black Metal. Nous aimons toutes sortes de musiques, et n’avons pas peur de le montrer quoique nous créions. Et tu as entièrement raison à propos des groupes scandinaves, c’est une part très importante de notre éducation musicale, cependant la musique actuelle l’est tout autant !

Y a-t-il des groupes français de Metal ou Hardcore que vous appréciez tout particulièrement ? Quelques noms peut-être ?
Nous sommes de gros fans de Regarde Les Hommes Tomber. Deathspell Omega est aussi un choix incontestable ! Nous aimons également Blut Aus Nord et Year Of No Light. Ce sont de grandes sources d’inspiration.

Pouvons-nous espérer un prochain chapitre d’Au-Dessus avec un second EP ou un LP sur votre label français Les Acteurs de L’Ombre ?
Il est trop tôt pour le dire. Pour le moment, notre attention se concentre sur le nouvel album, quand le temps sera venu, nous travaillerons sur de nouveaux projets, et si les étoiles sont bien alignées pour nous, alors nous aimerions retravailler avec ce label, c’est clair. Ça a été une collaboration si fructueuse !

Au-Dessus-photo#2-300dpi-(c)Milda-Sviridovaitė

Au-Dessus sera également en concert lors du Tyrant Fest de Oignies (62), en novembre prochain (2017).
+ d’infos : facebook.com/tyrantfestival

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