ECHOLOT : Destrudo

ECHOLOT
Destrudo
Sludge Metal progressif
Czar Of Crickets Productions/Sixteentimes Music
★★★★

Avec un tel patronyme, difficile à croire que ce trio helvète officie bien dans le Métal et non dans une équipe d’une émission culinaire à la TV. Originaire de Bâle dans la partie alémanique de la Suisse, Echolot (signifiant littéralement dans la langue de Goethe un écho sondeur, c’est-à-dire ni plus ni moins une sorte de sonar), en est mine de rien déjà à son troisième ouvrage depuis sa naissance en 2014, ayant publié I en 2016 suivi de Volva en 2017. Nos trois musiciens proposent un Doom/Sluge atmosphérique, psychédélique même qualifierons-nous, leur permettant de se distinguer ainsi sur la bouillonnante scène européenne actuelle. Autre particularité, à l’image de son line-up, ce nouvel opus se compose uniquement de trois morceaux dont la durée totale atteint cependant presque les quarante minutes, mais il s’agit bien ici d’un album et non d’un EP. S’ouvrant tranquillement sur le single « Frozen Dead Star », Destrudo fait surgir les watts avec un mur de grattes avec un chant rageur. Si aucun des trois gaillards n’est crédité pour les vocaux qui semblent visiblement partagés ici entre growls, screams, et quelques phrasés au chant clair, l’essentiel est ailleurs. En effet, Echolot privilégie la plupart du temps les longues plages atmosphériques avec quelques murmures et un minimum d’instruments, histoire de faire planer l’auditeur. Destrudo nous emmène dans un univers à la fois beau et dangereux, où le corps et l’esprit s’entremêlent et s’entrechoquent. Le chaos peut à la fois être synonyme de destruction mais aussi de vie, à l’image de son artwork beau et destructeur. Plus loin sur ce premier titre, la basse vrombit un peu plus et ravira les fans de Conan et autre Monolord. Plus directe, la seconde chanson « Orbital », là encore d’une durée d’environ neuf minutes, rappelle quelque peu sur son refrain les derniers Mastodon avec son côté progressif et son chant clair. Les mélodies à la guitare avec en plus un léger clavier séduiront vos oreilles, l’ensemble n’étant pas ici, vous l’aurez compris, la quête de la brutalité absolue à travers un Sludge crasseux mais bien d’une musique plus raffinée et introspective. Le pont Post Hardcore sur « Orbital » évoque les derniers The Ocean (dont le nouvel album paraît très bientôt). D’ailleurs le troisième et ultime morceau « Wind Up North » (d’une durée de plus de dix-neuf minutes !) donne encore vraiment l’impression d’écouter leurs cousins et voisins teutons de The Ocean. Cependant, très vite, les screams plus prononcés et un son de guitare plus abrasif de Lukas Fürer  (pas évident comme nom à porter à l’école ça…) rendent ce Destrudo finalement assez dynamique et singulier. Une fois l’écoute achevée, on ne demande qu’à le réécouter, les trois malheureuses chansons étant passées trop vite. Echolot délivre donc une expérience agréable et intéressante à travers ce troisième voyage musical psyché à la limite du Drone Metal. [Seigneur Fred]

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