ENSLAVED : The Sleeping Gods – Thorn

The Sleeping Gods - Thorn - ENSLAVED
ENSLAVED
The Sleeping Gods – Thorn
Viking/Black métal mélodique
ByNorse Music

Comme dit le proverbe : « On n’est jamais si bien servi que par soi-même ! ». Et c’est probablement ce qui a conduit le guitariste norvégien Ivar Bjørnson à la fondation de son propre label By Norse Music en association avec Einar Selvik (Wardruna). Après justement la récente publication du nouvel album de ce dernier intitulé Runaljod – Ragnarök (cf. chronique et interview de Wardruna dans le numéro #75 de Metal Obs‘) et de la réédition simultanée du premier album d’Enslaved, Vikingligr Veldi, nos amis ont décidé de continuer de célébrer le vingt-cinquième anniversaire du groupe cette année 2016 en rassemblant les deux EP The Sleeping Gods et Thorn parus tous deux en 2011 de manière plutôt confidentielle à vrai dire sur les labels Scion Audio Visual et Soulseller Records. On y retrouve donc ici du matériel rare tiré des sessions de l’album Axioma Ethica Odini (2010) enregistré au Solslottet Studio d’Iver Sandøy ainsi que dans leur propre studio (Peersonal Sound Studios) dans leur fief de Bergen, mais également quelque part dans les forêts de Valevaag à l’aide d’un studio mobile sur la côte sud-ouest norvégienne pour ce qui concerne les deux chansons « Disintegrator » et « Striker » de l’EP Thorn, plus old-school dans leur approche sonore. Mais c’est le titre « Heimvegen » qui ouvre cette compilation. Tiré de The Sleeping Gods, ce morceau s’avère vite entraînant et assez classique dans sa forme : chant clair et magnifique chœurs du claviériste Herbrand Larsen suivis des habituels growls de Grutle Kjellson, bonne rythmique entrecoupée par divers breaks, bref, un morceau typique de la nouvelle ère progressive amorcée depuis les albums Isa et Ruun. Puis « Alu Misyrki » accélère le tempo et se veut plus agressif et menaçant avec son riff rétro-Thrash/Black. Notons la distorsion intéressante sur la basse de notre cher Grutle, lui qui a toujours su se faire entendre sur disque comme sur scène. 

Se succèdent alors deux morceaux instrumentaux : l’interlude expérimental et peut-être plus dispensable « Synthesis » aux claviers psychédéliques ambiants, quelque part entre le projet parallèle Skuggsjá et les bidouillages électroniques chers à Ivar Bjørnson inspirés par Pink Floyd et King Crimson ; et « Nordlys » aux mélodies fluides et légères, mais quelque peu redondantes. « The Sleeping Gods » conclut logiquement et de fort belle manière cette première partie dans une ambiance shamanique et Pagan rappelant le glorieux passé de nos Vikings, tant discographiquement (Frost…) qu’historiquement parlant. Enfin, « Disintegrator » et « Striker » se veulent pour leur part relativement lourds (au sens noble) et menaçants, avec un riff répétitif, presque hypnotique pour le premier, et des claviers mélancoliques étranges pour le second, le chant déchirant du frontman Kjellson extirpant l’auditeur de sa torpeur afin d’éviter à ce dernier qu’il ne s’approche de trop près de ces sonorités à la fois belles et inquiétantes au risque de s’y piquer ( « Thorn » signifiant pour rappel « épine » en anglais). Une compilation de rattrapage donc, à recommander aux fans de la nouvelle ère progressive d’Enslaved qui ne possèdent pas déjà ces deux EP, mais aussi à tous ceux qui découvrent seulement ce formidable groupe scandinave à l’inspiration illimitée, et il serait temps ! Dans ce dernier cas, jetez-vous aussi sur leur dernier album In Times paru en 2015 (Nuclear Blast), toujours disponible ainsi que sur les cultissimes Frost et Eld, histoire de ne pas mourir idiot aux portes du Valhalla. [Seigneur Fred]

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