ENTOMBED A.D.
Power tripes à la suédoise

Déjà le troisième album studio pour l’ancien chanteur d’Entombed (et ex-Nihilist) et ses comparses sous le nom d’Entombed A.D.. Si en matière de gastronomie, on connaissait jusqu’à présent les tripes à la mode de Caen ou de Porto, il faut désormais rajouter au Patrimoine Mondial culturel immatériel de l’Unesco les tripes suédoises grâce au puissant Bowels of Earth (« Les Boyaux de la Terre » en français), une galette faite avec les tripes par les maîtres du Death’n Roll made in Stockholm. [Entretien avec L.G. Petrov (chant) par Seigneur Fred – Photo : DR]

J’ai appris que tu partais en avion pour le Portugal très bientôt (NDLR : entretien réalisé fin juillet), s’agit-il d’un voyage professionnel ou personnel ? Tu pars avec le groupe pour promouvoir le nouvel album ou bien pour tes vacances là-bas car les Scandinaves aiment bien le sud de l’Europe en général… ?

Hé bien, un peu des deux à vrai dire ! (rires) Là, on vient de jouer au Gefle Metal Festival chez nous en Suède, l’équivalent de votre Motocultor français où l’on s’était vu la fois dernière en 2014. Et on part en fait en concert pour participer à un festival portugais là-bas à côté de Braga, avec notamment Fleshgod Apocalypse. Il y a sur les autres jours Samaël, Hypocrisy… Ça s’appelle Laurus Nobilis Music Famalicão. Mais avec notre nouveau guitariste, Guilherme Miranda, on va rester un peu plus durant quelques jours pour se reposer et en profiter le lendemain (samedi).

Peux-tu nous présenter d’ailleurs votre nouveau second guitariste Guilherme ? Il vient du Brésil, je crois et reprenait avant du Sarcophago ? Comment l’avez-vous déniché ?

On faisait une tournée sud-américaine. Il jouait alors dans son propre groupe Krow de Death/Thrash Metal en première partie d’un de nos concerts brésiliens. On avait trouvé que c’était un gars vraiment intéressant, plein d’énergie. Il a participé en effet à un tribute au groupe de Thrash/Black Sarcófago il y a quelques années… Et il y a deux ans, il a emménagé en Suède et habite maintenant à cinq minutes de chez moi à Stockholm ! (rires) C’est un fantastique guitariste, il apporte un nouveau souffle, je pense. Maintenant il joue avec nous et je suis impatient de partir en tournée avec lui car il est vraiment fantastique. Notre nouveau bassiste live provient aussi de Krow mais lui vit en Roumanie. Il va prendre l’avion pour pouvoir partir en concert avec nous à présent.

Qui a enregistré la basse sur Bowels of Earth du coup car Victor Brandt est parti dans Dimmu Borgir je crois ?

C’est Nico Elgstrand qui s’est occupé des lignes de basse sur le nouvel album car Victor est trop occupé à présent depuis qu’il est parti dans Dimmu Borgir. Il ne pouvait plus jouer avec nous et Dimmu Borgir. Les deux groupes font beaucoup trop de concerts à l’international pour pouvoir assurer une présence correcte dans les deux. C’est un chic type Victor, je l’adore. On s’est d’ailleurs croisé au Gefle Metal Festival la semaine passée car il y jouait aussi. On joue toujours ensemble dans Firespawn cependant.

Parlons-en justement de Firespawn avec lequel tu as sorti le troisième album Abominate cet été. J’ai l’impression que ce side project t’a reboosté rendant le nouvel album d’Entombed A.D. encore plus agressif vocalement parlant ?

Peut-être, oui, ce sont toutefois deux groupes différents. On essaie de séparer les choses avec Victor Brandt et les autres gars mais on n’intellectualise pas trop. On essaie juste d’aborder les choses différemment entre les albums de Firespawn et Entombed A.D. en fait. Il y en a un qui est plus direct, plus puissant, et un autre plus mélancolique, plus profond d’une certaine manière. Ce n’est pas évident à dire… Firespawn est plus influencé par la scène américaine bien que l’on ait un son européen, suédois. Avec Entombed A.D., c’est plus spontané, on réfléchit moins ! (rires) Mais c’est quand même beaucoup de boulot, faut pas croire ! (rires)

Que voulez-vous dire à travers ce titre d’album Bowels Of Earth au juste ?

On a fait ce disque avec énergie et du travail, avec notre sueur, nos tripes. Au début on hésite, on l’aime, on le déteste, on en ressort épuisé après sa composition puis son enregistrement, et on explose à la fin en sortant du studio. Quand on a fini, on est ravi, on est épuisé mais ravi d’avoir fait l’album, tel le travail accompli. On le réécoute, et on est content maintenant et prêt à partir sur les routes ensuite après s’être relaxé un peu entre temps. Tu développes quelque chose que tu digères, et après tu l’évacues. C’est cathartique.

Etes-vous un groupe écologique ? Prenez-vous soin de la terre et de votre environnement car on sait que les Suédois, même s’ils voyagent beaucoup et polluent avec tous leurs vols en avion (une nouvelle taxe vient d’être instaurée), sont plutôt écolos en général ? (rires)

Ce n’est pas ce que l’on a voulu dire ici. Personnellement je n’aime pas trop prendre l’avion, mais bon pas trop le choix quand on doit voyager pour partir en tournée ! (rires) En fait cela fait plus référence aux maux que l’on a en nous, à nos démons, ce qui nous parasite dans la vie, les choses qui nous compliquent parfois l’existence. Il n’y a pas là de message écologique. Sinon au quotidien, on fait attention oui, sans plus. On ne jette pas nos déchets n’importe où par exemple. Ça c’est juste une question de savoir vivre, je trouve et c’est le moindre des gestes que l’on peut faire. Entombed A.D. n’est pas un groupe écolo ou politique, il n’y a rien de tout ça dans nos paroles. Nous, on joue juste de la musique et point.

Récemment, nous avons eu droit à la visite de la jeune lycéenne et activiste écolo suédoise Greta Thunberg. Elle était conviée notamment à notre Assemblée Nationale. Qu’en penses-tu par exemple de ses actions et de son discours ? Elle doit être populaire par chez vous ?

Je sais, oui, elle était en visite en France. Elle est sans cesse en une des médias ici en Suède, ça devient pénible à la longue… (rires) Il n’y a pas un jour où l’on n’entend pas parler d’elle. C’est très bien ce qu’elle fait et son message, c’est beaucoup de communication avec sa mère derrière, mais au bout d’un moment, je suis désolé, mais ok le climat ne va pas bien, si tu veux faire quelque chose, fais-le ! Tout seul c’est sûr que c’est plus difficile qu’en groupe mais bon, qu’elle aille visiter la Chine et s’adresse aux plus polluants. (rires) On peut tous essayer de faire quelque chose. Après nous on n’est pas un groupe politique ni militant encore une fois.

Au milieu du nouvel album figure la chanson « Bourbon Nightmare » avec une intro étrange en espagnol que l’on croirait tout droit tiré d’un album de Brujeria… S’agit-il d’une référence à vos amis mexicains ou bien un pied de nez au président américain Trump qui n’arrive pas à construire son mur à la frontière américano-mexicaine ? (rires)

Ah ah !! (rires) Non, en fait on était une fois en tournée au Mexique, et on passait la soirée avec les gars de Dark Tranquillity et Deicide. La soirée fut des plus arrosées et on a fini dans un bar où il n’y avait plus de tequila, alors on a fini au whisky bourbon. Qu’est-ce que l’on avait rigolé ce soir-là !! Une chouette nuit… Alors on s’est dit que l’on allait baptiser cette chanson ainsi et y mettre une intro mexicaine.

Vous n’êtes cependant pas les premiers à parler d’alcool dans les chansons de Métal, je pense notamment aux Allemands de Tankard pour leur culte invenerré de la bière, ou bien à vos voisins Korpiplaani qui d’ailleurs avaient déjà fait une chanson « Vodka », puis « Tequila » en souvenir à leur tournée sud-américaine, etc. Vous êtes en retard toi et Entombed A.D. sur ce coup-là avec une telle chanson sur le bourbon ?! (rires)

Oui, c’est vrai mais eux c’est différent, ce sont des Finlandais, c’est normal qu’ils aiment la Vodka ! (rires)

Tu aimes la vodka si ma mémoire est bonne… (cf. notre interview au Motocultor 2016)

Pas tant que ça, mais régulièrement oui, j’avoue… (rires)

Bon, redevons plus sérieux un instant maintenant… En 2017 et début d’année, deux publications d’Entombed sont parues sur le label Threeman Recordings : Clandestine (live) et l’EP To Ride, Shoot Straight and Speak the Truth en format vinyle. Je suppose que tu n’as pas été concerté pour ce dernier ? Tu n’as plus du tout de contact avec Alex Hellid ? C’est fini ?

Sur Clandestine, je ne chantais pas et ne figurais ni sur l’album studio ni sur ce concert. Quant au EP To Ride, Shoot Straight (…), cela concerne Alex à présent. On ne peut pas vraiment dire que c’est fini entre nous mais c’est clair que l’on ne se parle plus. Il gère son truc… Nous, on continue à avancer avec Entombed A.D., on fait de nouveaux albums et à tourner, c’est ça qui est le plus important à mes yeux à l’heure actuelle.

Où en est la situation avec Alex Hellid aujourd’hui ? Il me semblait que la cour de justice suédoise de Stockholm avait tranché et s’était prononcée là-dessus en 2017, non ? Alex a les droits sur Entombed avec Uffe Cederlund et Nicke Andersson, et vous avez du coup dû changer de nom pour continuer.

Hum… (quelque peu embarrassé) Ce n’est pas aussi simple à vrai dire, et oui il y a eu un jugement. Mais ce n’est pas encore cent pour cent clair en fait. On verra ce qui va encore se passer, il peut y avoir des surprises…

Depuis votre nouveau départ avec Entombed A.D. en 2014 et l’album très explicite Back To The Front, finalement vous essayez de rattraper le temps perdu d’une certaine façon… ?

Ouais, on est resté longtemps à attendre Alex, près de six ans, et en fin de compte on a décidé de continuer avec d’abord l’album Back To The Front, puis Dead Dawn en 2016. On voulait alors faire un nouvel album, et à l’heure actuelle, on l’attendrait peut-être encore ! (rires) Je crois qu’il a eu peur, je ne sais toujours pas avec du recul… Nous on voulait juste continuer et faire de nouveaux disques et jouer, tout simplement, rien d’exceptionnel. C’est ce que fait un groupe normalement ! (rires) A présent on sort notre troisième album, et les gens semblent l’apprécier quand on en joue deux extraits en live : « Fit For A King » et « Elimination ». Une vidéo vient d’ailleurs de paraître sur internet pour ce nouveau titre. Maintenant, on est de bons musiciens, on a même plus de gens qui nous suivent que par le passé même s’il n’y avait pas internet avant. Et entre nous, au sein du groupe, on passe du bon temps et on rigole bien en tournée. C’est important ça d’avoir du plaisir quand on vit et voyage ensemble et de bien s’entendre. On repart sur les routes d’ailleurs cet automne, en Europe puis en Amérique du Sud, et on participera à davantage de festivals l’été prochain en 2020, en France notamment (Hellfest, etc.).

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