HATEBREED : En aparté avec le guitariste Wayne Lozinak (exclu Motocultor 2023 !)

Alors que les légendaires New-Yorkais de Biohazard se produisaient également à l’affiche du festival Motocultor l’été dernier, nous avons eu la chance de croiser aussi en coulisse un autre poids lourd américain de la scène hardcore/metal apparu, quant à lui, en 1994 dans le Connecticut : Hatebreed. Et quelle chance ! En effet, toutes les interviews furent annulées au dernier moment, excepté pour nos confrères de Metal Zone, et Metal Obs, ses membres préférant se reposer avant leur show en tête d’affiche le soir-même… C’est le guitariste Wayne, généralement plus discret dans la formation, qui a fait le job malgré tout, faisant au moins honneur à notre micro. Il a donc joué le rôle d’ambassadeur ce qui nous a permis de faire le point sur l’actualité de Hatebreed, leur dernière galette Weight Of The False Self remontant déjà à 2020… [Entretien réalisé le 17/08/2023 avec Wayne Lozinak (guitare) par Seigneur Fred – Photo backstage Motocultor 2023 : Seigneur Fred – Autres photos : DR]

Comment vas-tu et quel est ton planning de ces jours-ci avec Hatebreed ? C’est un peu tôt là pour toi pour répondre à cette unique interview (Ndlr : 14h00), et peut-être aussi es-tu un peu décalé si tu viens d’arriver d’Amérique… (sourires)
Non, ça va… En fait, on est en Europe depuis déjà quasiment un mois environ et tournons avec le groupe un peu partout, donc ça va de ce côté-là. On a joué à droite à gauche, dans des clubs, dans des festivals en extérieur, etc. Hier, on était en day off. Fin juin on a déjà joué en France, dans un club à Lille. Hier on était en repos, et aujourd’hui le Motocultor donc où l’on se produit ce soir en tête-d’affiche. Demain on joue dans un club à Fribourg (Allemagne), puis on fait le festival Summer Breeze, et enfin on rentre à la maison. Voilà le programme qui s’achève donc.

Ah donc vous rentrez bientôt aux Etats-Unis. Vis-tu toujours dans le Connecticut du côté de Bridgeport d’où le groupe est originaire à la base, non loin de New-York ?
Non, mais j’y ai longtemps vécu. En fait, j’ai déménagé depuis quelques temps pour m’installer à l’ouest, en Californie.

Ce n’est pas trop compliqué désormais pour se voir avec les autres membres de Hatebreed et répéter ensemble ou enregistrer en studio ?
Non, ça se fait bien. Je prends l’avion, ça prend un peu de temps, mais comme ça en même temps je vais rendre aussi visite à ma famille que j’ai encore là-bas. Et on répète ensuite avec le groupe.

Et les autres gars ? Votre chanteur et principal auteur/compositeur Jamey Jasta ? Et votre batteur Matt Byrne que l’on connait bien ici à Metal Obs ? (Ndlr : sa mère est une ancienne prof de français qui nous a aidé parfois dans le passé en interview avec Matt) (sourires)
Jamey est toujours basé dans le Connecticut, mais Matt vit dans l’état de New-York, à l’ouest, donc pas très loin de la limite avec le Connecticut ce qui est pratique pour lui venir en voiture.

Comment se passe alors cette grande tournée européenne pour vous qui n’êtes pas venus depuis longtemps il me semble ici ? Et notamment en France ?
C’est bon de revenir jouer ici en Europe. En fait, oui, on n’est pas venu depuis avant l’épidémie de covid-19, donc ça fait un bail. Ça fait du bien de tourner et venir vous revoir. Chaque année, on avait l’habitude de revoir les gens quasiment, les équipes techniques, les fans, etc. Donc c’est bien, ça fait plaisir.

Et comment s’est passé votre date française en juin 2023 à Lille dans un tout nouveau club nommé The Black Lab (à Wasquehal précisément). C’était mortel d’après ce que j’ai eu comme écho par des proches qui vous ont vus là-bas ?
Oh oui, c’était cool ! Un bon concert. Et puis on a joué aussi entre-temps au Hellfest ! (sourires)

Oui, c’est pas rien. Je vous y avais vus et interviewé Matt il y a une dizaine d’années, je m’en souviens. C’était bon, quoiqu’un peu boueux dans le pit, de mémoire… (rires)
Ouah, ouais, je m’en souviens, ça fait un bail. Ça a bien grossi encore depuis…

Quel bilan dresses-tu à présent de votre dernier album en date, Weight Of The False Self (Nuclear Blast) sorti en 2020, avec ses points positifs et ses points négatifs quand tu regardes dans le rétroviseur aujourd’hui ?
On a enregistré cet album peu de temps avant que ne survienne l’épidémie. Tout était fin prêt. On devait partir en tournée mondiale avec Parkway Drive, je m’en souviens. C’était établi que l’album sorte en 2020 depuis plusieurs mois déjà, et la tournée avec, on ne pouvait pas attendre. Cela a finalement duré deux années sans que l’on puisse jouer et tourner. On n’a pas eu la chance de le défendre correctement alors qu’il possède très bonnes chansons. Comme tout le monde, on a été déçu et avons dû attendre.

Quand les concerts ont repris en 2022 à peu près correctement dans le monde, on voyait bien que le public était en manque, il y avait un besoin de retour aux sources une fois que les conditions étaient redevenues bonnes. J’ai vu un concert chez vous aux Etats-Unis, en intérieur, dans un club avec une scène très proche du public qui se tenait juste devant vous à mi-hauteur. C’était la folie. Quelle énergie ! Les gars de la sécu ne pouvaient faire grand-chose, mais c’était bon esprit. Te souviens-tu de ce concert de folie disponible sur YouTube ? (Ndlr : voir le concert en vidéo plus bas dans l’interview)
Ouais, je crois que c’était à Philadelphie (Pennsylvanie), le festival qui s’appelle Hardcore Festival, à la salle Franklin Music Hall. C’était en effet la folie dans le public et sur scène. On a bien aimé ce show. Les gens ne faisaient que de faire des stage divings. On a joué plein de veilles chansons, il n’y avait pas de barricade. Un gars de la sécu m’a sauvé d’ailleurs à un moment. Un spectateur est arrivé sur moi, lui il l’a dégagé direct, c’était parfait, car sinon je tombais par terre avec ma guitare. (rires) C’était un retour aux sources en quelque sorte.

Et toi, que préfères-tu comme concert : en intérieur, très proche du public, ou en extérieur dans des festivals géants ?
Hum… J’aime bien les deux. Je préfère peut-être les grands espaces, les grands festivals, les grandes scènes. Il y a plus de place, on respire mieux. Parfois il fait trop chaud en intérieur, on ne sent pas toujours bien, tu vois ce que je veux dire. En intérieur, pour le public, c’est mieux je pense car ils sont plus près pour eux nous voir. Enfin, ça dépend, parfois les gens n’ont pas trop le choix pour nous voir.

Mais toi, en tant que guitariste, que préfères-tu personnellement ? (sourires)
C’est pareil, mais je préfère jouer en intérieur, forcément, car le son est généralement meilleur, on s’entend mieux au niveau des retours, il n’y a pas de vent ou de désagrément comme ça. Après, je m’adapte, tu sais.

Quelle est la playlist pour ce soir au Motocultor ? (Ndlr : jeudi 17/08/2023)
On joue un peu de tout, des extraits d’un peu tout de nos albums, avec quelques extraits seulement du dernier album. Mais Je sais que Jamey aime bien changer la set-list au dernier moment. On ne sait jamais vraiment. On connait au moins la première chanson que l’on va jouer, après c’est lui qui décide pour le reste. Parfois, on n’a même pas de set-list ou il la rechange au dernier moment… (rires)

Comme Lars Ulrich de Metallica qui aime bien faire ça quelques heures avant les concerts (cf. Live in Mexico 2009 : Orgullo, Pasión, y Gloria: Tres Noches en la Ciudad de Mexico)… (rires)
Ouais, c’est un peu ça des fois… (rires)

Une reprise peut-être ce soir sur scène ?
Non, pas de reprise, juste nos chansons, les plus punchy car en festival, il faut réveiller les gens le soir. (rires) On a joué parfois dernièrement la reprise « Bonded By Blood » d’Exodus, ou « Ghosts Of War » de Slayer mais pas ce soir…

A propos de Slayer, ça tombe bien, j’avais une question justement. Kerry King (ex-Slayer) avait collaboré à vos débuts sur la chanson « Final Prayer » sur votre troisième album Perseverance (Universal Records/2002), ce qui est rare car il intervient très peu en tant qu’invité sur des albums d’autres, à part Pantera sur Reinventing The Steel. Es-tu en contact avec Kerry King si tu vis maintenant en Californie et as-tu peut-être écouté ce qu’il s’apprête à enregistrer et publier bientôt en solo avec Paul Bostaph pour son retour sans Slayer ?
Non, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vraiment vu… J’ai dû le voir la dernière fois à l’un des derniers concerts de Slayer en Californie.

Kerry King pourrait très bien à présent inviter l’un d’entre vous, toi, ou votre chanteur Jamey Jasta, sur son prochain disque comme un retour d’ascenseur, surtout que vous habitez tous deux en Californie ? (rires)
C’est vrai, ça serait marrant ! (sourires) Mais il ne vit plus en Californie, il avait déménagé pour Las Vegas ensuite, et maintenant il est à New York, je crois. Alors que moi, oui, je suis dans la bay Area désormais, et côté studio, il y a ce qu’il faut par là-bas. Mais les autres gars sont encore dans mon coin (Tom Araya, Gary Holt).

Revenons à votre dernier album et à Hatebreed en général. Jamey a déclaré écrire et adresser des messages positifs à travers votre musique malgré sa violence afin d’aider les gens à avancer dans la vie, au respect et à l’entraide pour faire changer les choses. En fait, à travers ses paroles, il encourage les fans à se prendre en main s’ils veulent changer leur destin. Peux-tu m’en dire davantage sur ce discours même si ce n’est pas toi qui écris les paroles ?
Je vois ce que tu veux dire. C’est vrai, oui, que c’est le message que l’on tente de faire passer dans nos chansons même si elles sonnent très heavy et peuvent paraître violentes. On invite à ce que que les gens se prennent en main s’ils veulent faire changer les choses dans le monde actuel, dans leur quotidien. Il faut rester positif. C’est Jamey qui a dû dire ça. Il y a fort à faire et notre destin est entre nos mains, en quelque sorte, que ce soit à la maison, dans la société, la politique, et Dieu sait qu’il y a du travail dans ce domaine-là…

Et c’est ta devise au quotidien, ou bien ce ne sont que des paroles en l’air pour toi dans ta vie ? Tu agis de la sorte aussi ?
Oh ouais, j’essaie. Disons que j’essaie de rester positif, d’être plus diplomate et de faire les choses par moi-même, de penser par moi-même, afin d’avancer dans la vie. C’est pas toujours facile, mais ça commence par soi-même si on veut passer nous-mêmes ensuite le message auprès des fans de Hatebreed.
 
Dans le même style, peux-tu revenir sur le thème principal et conceptuel de votre dernier album intitué Weight Of The False Self (= « Le Poids du Faux soi-même ») s’il-te-plaît ?
En fait, ça rejoint ta précédente question et tu l’as plutôt bien résumé. C’est ça, rester positif, être sincère auprès des fans, malgré les temps difficiles que nous vivons. C’est pas facile pour tout le monde. Et je crois que nos paroles parlent d’elles-mêmes sur le dernier album. Certains se les sont même faites tatouer. (sourires)

La crise sanitaire a-t’elle accentué cette volonté et ce sentiment de sincérité et de positivité chez vous ?
Ouais, enfin disons que l’on prônait déjà ce genre de choses avant le covid-19. Ça n’a été finalement qu’un accélérateur, ou plutôt d’abord comme une parenthèse dans le système, faisant revenir aux fondamentaux, et après cela nous a encore plus encouragé à œuvrer dans ce sens à travers notre musique.

Sinon as-tu des projets parallèles comme Jamey Jasta qui multiplie souvent les side-projects à côté de Hatebreed (Jasta, Kingdom Of Sorrow, Icepick, divers duos à droite à gauche dernièrement avec Steve « Retro » Souza d’Exodus, Freya sur la chanson « Sense Of Doom », etc.)
Non. Mis à part juste un projet pas très sérieux que j’ai avec Phil Demmel (Vio-Lence, ex-Machine Head). En fait, on s’est rencontré un jour dans un bar où il joué avec un groupe de reprises dont il m’avait parlé une fois auparavant. Ça s’appelle The Merkins. Il recherchait des musiciens, et m’a proposé de participer à quelques chansons. Il y a aussi dedans Matt Freeman de Rancid, et moi-même donc à la guitare. Je ne te dis rien, et te laisserai en chercher la définition… (rires) (Ndlr : voilà ce que l’on a trouvé à ce sujet : des parodies de Mötley Crüe ou Alice In Chains)

Tu sais que ce vieux groupe de thrash metal de la Bay Area, Vio-Lence, va également jouer ici au Motocultor demain ? (Ndlr : Phil Demmel ne sera pas présent par contre sur scène à notre grand désespoir ce jour-là vendredi 18/08/2023)
Oui, mais on sera déjà reparti malheureusement.

Avant de se quitter, que penses-tu de la nouvelle scène hardcore plus alternative qui arrive et change un peu les codes dans le genre, en apportant d’autres influences, plus pop/rock, électro, et moins typiquement hardcore ou metal ? Vein.FM, Turnstile, Grove Street, etc.
Turnstile ? Ouais, on a déjà joué et tourné avec eux à leurs débuts. J’aime beaucoup. Tout ça, je trouve ça cool en fait. Cela apporte un vent de fraicheur. C’est intéressant ce que font tous ces nouveaux groupes. Après c’est un peu moins mon truc car ce n’est pas assez heavy pour moi, mais j’aime bien quand même.

Alors qu’écoutes-tu et quelles sont tes préférences musicales ? Qu’aimes-tu écouter en ce moment par exemple ?
Comme je te disais, des trucs plus heavy et globalement plutôt old school. En metal, j’écoute beaucoup Arch Enemy, Down, Zakk Wylde aussi avec Black Label Society. En punk/hardcore, je reviens souvent à Agnostic Front, etc.

Enfin, quels sont donc les projets à venir de Hatebreed ? Un nouvel album studio est-il en cours d’élaboration avec Matt Hyde ou Zeusss ?
Oui, avec un peu de chance, si tout va bien, on devrait rentrer bientôt en studio pour enregistrer un nouvel album. Ce sera l’année prochaine (Ndlr : 2024) avec certainement le producteur Chris « Zeuss » Harris.. Entre-temps, on a une grosse tournée américaine avec Lamb Of God à la fin de l’été jusqu’à cet automne. En novembre, on participe aussi à la croisière metal Headbangers Boat, un peu comme 70 000 Tons Of Hammer si tu connais. Ça se passera dans la mer des Caraïbes, en partant de la Floride jusqu’aux Bahamas. On va aussi fêter le trentième anniversaire de Hatebreed. Donc tu vois, on a un planning très chargé d’ici-là.

Le prochain album sortirait encore sur le label Nuclear Blast ?
Je ne sais pas encore pour le moment. Je ne sais pas où cela en est pour le deal avec un label… Faudrait voir avec Jamey.

Tu arrives à composer entre deux concerts en tournée ? Des idées de riffs à la guitare te vienne-t’elle ?
Un petit peu, oui. Je note quelques idées, j’enregistre, mais c’est surtout quand on rentre en studio pour la préproduction où là tous ensemble on assemble nos idées en les jouant, et on enregistre et les idées germent plutôt à ce moment-là.

A quand une suite à votre album de reprises For The Lions (Roadrunner Rec./2009) ? Est-ce à l’ordre du jour ? For The Lions 2 par exemple ?
Ah ah ! (rires) On en en parlait l’autre jour entre nous, mais rien de sérieux, c’était en rigolant. Mais sait-on jamais, pourquoi pas ?

Que veux-tu ajouter aux fans français de Hatebreed ?
Juste un grand merci de venir nous voir en concert, de nous soutenir, et de rendre notre rêve réel ! (sourires)

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