KISS
Stuttgart & Rotterdam

Il y a un an, Kiss annonçait une grande tournée européenne qui a fini par être annulée, officiellement pour des raisons de sécurité. Mais ce n’était que partie remise, le groupe ayant passé tout le mois de mai sur le vieux continent (Russie, Scandinavie, Allemagne, Italie, Autriche, Hollande et Royaume Uni), évitant soigneusement la France. Révoltés par cette injustice, nous avons décidé de nous rendre à deux dates, celle de Stuttgart et de Rotterdam. Suivez le guide…

[Texte : Laurent Divergent / Photos : Laurent Divergent et Frédéric Maujoin]

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Afin de vivre pleinement l’expérience Kiss, le groupe (pas philanthrope) propose des « VIP Packages » pour la modique somme de… (Hum) 1300 $ (Eh non, il n’y a pas d’erreur de zéro, vous avez bien lu). Mais que peut donc proposer la Stanley-Simmons Company pour cette somme-là ? Le staff donne rendez-vous aux fans fortunés (une quarantaine) à un point précis devant la salle. Le rendez-vous est fixé à 15 h 30, mais en réalité, ce petit monde n’est récupéré qu’une heure plus tard. À ces fans s’ajoutent une quinzaine de privilégiés (dont nous faisons partie), le plus souvent invités par le groupe ou le management. Nous voilà donc une soixantaine à être guidés en backstage, dans une salle ornée d’un énorme backdrop flamboyant. 

Vers 17 h, les quatre héros débarquent en civil pour une session acoustique de trente minutes, sympathique et sans prétention, mais inespérée, les musiciens étant au plus proche du public, distribuant des médiators par paquets de main à main. Au programme, les classiques popularisés par le « MTV Unplugged « comme « Coming Home », « Goin’ Blind », « Plaster Caster », mais également « Shandi », « Do You Love Me », « Hide Your Heart », « Beth » (Avec Eric Singer au chant) Il s’agit d’un moment réellement exceptionnel, car le groupe se montre ouvert à toutes les suggestions de chansons. Il est même arrivé que certains fans plus zélés que les autres demandent à Gene ou à Eric de prendre leur place. Jouer avec Kiss, vous imaginez ?

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Force est de constater que Gene n’a pas changé d’un iota, haranguant toutes les minettes à portée de vue. Une chose est sure, si vous êtes mignonnette et avez une poitrine généreuse, vous avez mille fois plus de chance de recevoir des médiators de Gene que les autres ! Une fois le set terminé, tout le monde se met en rang le long d’un mur, et c’est parti pour la séance de dédicaces.

Les règles sont simples :

Pas plus de deux articles par membre de Kiss.
Les grands objets tels que les guitares ne sont pas admises (car revendues très cher sur internet).
Débarrasser le plancher une fois les huit signatures obtenues. (un vieux croûton faisant visiblement partie de l’équipe depuis 30 ans, antipathique au possible, et qui aurait dû se barrer à la retraite depuis des lustres, veille au grain !)

C’est Paul qui s’y colle toujours en premier afin de partir en premier, les trois autres se mettant à l’écart durant 10 bonnes minutes. La raison est la suivante : le chanteur a besoin de plus de temps pour se préparer (quatre heures en moyenne, entre les exercices physiques, l’échauffement de sa voix et la phase de maquillage). Dans les faits, il est possible d’obtenir une troisième signature de Paul si on demande poliment et si le monsieur est bien luné. Mais globalement, l’homme ne tergiverse pas, visiblement obnubilé par sa préparation. Certains fans réclament un selfie mais il s’y refuse, prétextant que la photo avec le groupe aura lieu plus tard. Vu le comportement de Paul vis-à-vis des fans dans la vie civile, on ne peut se plaindre, car on ne peut obtenir mieux de lui. Ceux qui l’ont rencontré dans un hall d’hôtel peuvent en témoigner : en dehors de ce contexte officiel, il est un vrai chien, ou une diva (ce qui revient au même). Gene quant à lui se veut plus généreux, pouvant signer au moins cinq articles par personnes (certains fans passant en dernier ont pu gratter bien plus de signatures). 
Avec le recul, on est surpris par la gentillesse et la disponibilité du groupe. D’un autre côté, on ne peut pas dire que la démarche vienne du cœur. Le fait est que la plupart des personnes présentes ont payé une somme conséquente. Ils sont donc considérés comme des clients et traités en tant que tels, ni plus, ni moins.

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Une fois la séance de dédicaces terminée, les fans sont reconduits en dehors de la salle, le meet and greet ne donnant pas droit à un ticket de concert. Pour voir le show, il faut payer son billet comme tout le monde !
Enfin, à 20 h précise, tout ce beau monde a un second rendez-vous pour une photo avec le groupe, qui cette fois est maquillé et en tenue de combat (deux photos par personne, disponibles deux jours plus tard en haute définition sur un site dédié.)
Place à présent au live ! Les dates de Stuttgart et Rotterdam comportaient exactement la même set list. À l’instar d’Iron Maiden, la mécanique Kiss est bien huilée et les remaniements de set lists sont proscrits. La seule vraie différence s’est déroulée à Rotterdam, trois jours après l’attentat de Manchester, où Paul a demandé une minute de silence. Croyez-nous, le silence absolu dans une arène bondée durant une minute complète, demeure un moment aussi fort qu’impressionnant. 

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Le point culminant du show reste le solo de basse de Gene (aux allures de démon possédé et sanguinolent) s’envolant dans les airs sur une plateforme, afin d’interpréter un « God Of Thunder » heavy à souhait. Sa voix a gardé toute sa puissance et sa profondeur. Absolument magique ! En revanche, pour ce qui est de Paul, on ne peut vraiment pas parler de magie. Il y a encore cinq ans, il arrivait à atteindre les vocalises aiguës qui ont fait sa légende. Mais il a subi deux opérations chirurgicales de la gorge, la seconde ayant accéléré sa descente aux enfers. Oui, il s’agit bel et bien d’enfer puisqu’il est dans l’incapacité de chanter un refrain, se contentant de faire de la narration sur les couplets (heureusement qu’Eric Singer et là, car c’est lui qui sauve les meubles, étant le seul à pouvoir assurer les harmonies les plus hautes). Il se trouve que Paul n’a jamais eu de technique. Il est un chanteur instinctif qui atteignait les notes hautes en criant, dans un trip « ça passe ou ça casse. (Écoutez Alive II et vous comprendrez). Aujourd’hui, il n’est simplement plus en mesure de passer en force. Alors il fait ce qu’il peut. Tout le monde dans l’assistance remarque le schisme, mais personne ne bronche. C’est Paul en 2017 et c’est à prendre ou à laisser.

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Afin de ne pas parler qu’en termes négatifs, il est à noter que notre chanteur fait preuve chaque soir d’un courage exemplaire. Il souffre, c’est une certitude, mais à ce jour, il n’a jamais voulu utiliser de « backing tracks », alors que bon nombre de ses congénères (Blackie Lawless en tête) ont depuis longtemps cédé à la tentation de la tricherie. À part ce point (certes délicat), Paul est toujours en bonne forme. Il ne semble pas malade, bouge toujours comme un damné et joue de la guitare comme un dieu. 
Eh oui, ils sont humains ! Qui l’eut cru ? 

Set list

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