MASSACRE RECORDS
25 ans de Heavy

Après un quart de siècle de bons et loyaux services, il était temps de faire un bilan avec l’un des créateurs du label allemand Massacre Records, qui héberge – entre autres – HateSphere, Mercyful Fate, Sinister ou encore Voices of Destiny.

[Entretien avec Thomas Hertler par Philippe Jawor]

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Qu’est-ce qui vous a poussés à faire le grand saut et intégrer le music business ?

Il y a 25 ans, je chantais dans un groupe (Baphomet, ndlr). Je voulais sortir un disque et j’étais en contact avec un distributeur allemand, pour lequel travaillait Torsten Hartmann. C’est lui qui a produit l’album, et on s’est dit qu’il nous fallait un label pour ce disque… et c’est comme ça qu’est né Massacre Records !
Au début, on ne devait sortir que les disques de Baphomet, mais on s’est dit que ce serait pas mal non plus de travailler avec d’autres groupes, comme on avait déjà un distributeur. On a demandé à nos contacts de nous envoyer les meilleurs démos qu’ils avaient, et c’est comme ça qu’on a signé notre premier groupe, le premier d’une longue liste…

Le tout premier était évidemment Baphomet, mais quel a été le premier groupe  à être signé sur Massacre Records ?

C’était le groupe brésilien Viper, puis il y a eu Solitude et Mystik, peu de temps après, qui marchent toujours plutôt bien jusqu’aujourd’hui, pour un groupe de Power Metal. C’était une époque faste, pour le Power Metal.

Y a-t-il une statistique sur le nombre de groupes que vous signez à l’année ?

Pas vraiment. Nous venons de signer notre 931e groupe (!), et nous comptons bien atteindre les 1000. En général, on sort 36 albums par an, à raison de 3 par mois, et notre roster actuel doit tourner autour de 50 ou 60 groupes.

À quoi ressemble un jour ordinaire, pour le patron de Massacre Records ? C’est écouter des démos à longueur de journée ?

(rires) C’est surtout beaucoup de temps au téléphone ! Les démos, je me les garde de côté, et je me prends deux heures dans la journée pour en écouter tout un bloc.  Si quelque chose me plaît vraiment, je peux décrocher mon téléphone immédiatement après pour contacter le groupe. Mais la journée typique, c’est des mails auxquels répondre, des coups de téléphone à passer, de la gestion des stocks, des envois, du travail avec les graphistes, la production… La journée est toujours trop courte !

Qu’est-ce qui te fera décrocher ton téléphone immédiatement après avoir entendu la démo d’un groupe ?

C’est une somme de petites choses : le mieux, c’est d’avoir déjà sorti quelque chose, évidemment, parce qu’on peut s’appuyer sur des éléments concrets comme des chiffres de vente, ce qui permet de se rendre compte de la popularité du groupe en question. Pour un nouveau groupe, c’est plus difficile, puisqu’il s’agit souvent d’un risque à prendre. Si je ne devais signer que des groupes dont j’aime la musique, ce serait trop simple ! (rire) La question que je me pose, en définitive, c’est « est-ce que ça se vendra ? ». Il ne faut pas être hypocrite : c’est notre métier, il faut que nous puissions tous en vivre. Cependant, il arrive parfois que j’écoute une démo, et que je me dise au bout d’un ou deux morceaux seulement : « ça, c’est génial, il faut que j’appelle ce groupe immédiatement » – mais c’est quand même très rare.

Avec quels groupes as-tu eu ce genre d’expérience ?

Theater of Tragedy, ça a été immédiat. J’avais reçu une démo très bien produite, et quand j’ai entendu cette voix féminine, je me suis dit « il faut qu’on signe ça ». Plus récemment, il y a eu Thornbridge, où je n’ai pas hésité non plus. Parfois, il y a des groupes qui sortent vraiment du lot, comme The Prophecy²³ : on les a repéré parce qu’ils faisaient des vidéos marrantes, qu’ils avaient un merchandising original, et c’est leur attitude qui nous a donné envie de les signer, parce qu’on savait qu’il serait agréable de travailler avec eux.

Et quel groupe rêverais-tu de signer sur Massacre Records ?

Qui ne rêverait pas de signer Metallica ? (rires) Slayer ? Motörhead n’est plus à l’ordre du jour… Ou alors quelque chose de totalement inattendu : Amon Amarth. C’est un groupe qui reste fidèle à ses valeurs, et qui continue de bien vendre ! Sinon, musicalement, j’ai toujours un regret : ne pas avoir réussi à signer mes amis suédois de Sabaton… mais sait-on jamais !

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