MOS GENERATOR
Le (Hard) Rock à l’état pur

Depuis l’an 2000, ce trio américain expérimenté originaire de Bremerton à côté de Seattle (Washington) enchaîne concerts et albums dans une bien trop grande discrétion par chez nous… Cela a changé grâce à leur cinquième et précédent effort studio Electric Mountain Majesty paru il y a deux ans déjà et une participation au Hellfest remarquée en 2014. Fort d’une collaboration avec le label français Listenable Records, Mos Generator continue sur sa lancée et nous délivre ainsi un sixième opus de Hard Rock/Stoner puissant et varié aux influences seventies bien senties : Abyssinia. Depuis son home studio, son leader nous a donné la recette de fabrication de cet album plus qu’inspiré.

[Entretien avec Tony Reed (chant/guitare/claviers) par Seigneur Fred]

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On dirait que votre précédent et cinquième album studio Electric Mountain Majesty a plutôt rencontré un joli succès en 2014. Nous l’avions particulièrement apprécié au sein de notre magazine français. En es-tu toujours fier et avez-vous beaucoup tourné pour le promouvoir et le défendre sur scène comme il se doit et tout spécialement en Europe avec l’aide de votre nouveau label Listenable Rec. ?
C’est quelque chose en effet que je peux entendre à présent et j’en suis ravi. Chaque album que j’écris possède toujours des passages que j’aurai souhaité faire différemment au moment de son interprétation ou du mixage. À la fin, je suis dans le contrôle de tous ces éléments et je me dois de les laisser s’échapper vers le monde à un moment donné (rires). Je pense qu’Electric Mountain Majesty a été un point d’orgue dans notre catalogue et un grand tremplin vers notre nouvel album. On a fait de superbes tournées pour cet album au cours de ces deux dernières années, en passant par le Freak Valley Fest en Allemagne et le Hellfest chez vous. On a aussi tourné durant sept semaines en Europe avec le groupe Elder l’an dernier et bien plus encore aux Etats-Unis avec tout un tas de groupes différents.

Alors pour ce nouvel album intitulé Abyssinia, avez-vous eu la même approche et eu recours aux mêmes procédés en studio que sur Electric Mountain Majesty ? Il sonne live, tout aussi puissamment et chaleureusement que le précédent…
Abyssinia a été enregistré au cours de ces deux dernières années, et quant aux trois dernières chansons, elles datent de 2008. Depuis que je possède mon propre studio et produis des disques pour en vivre, je peux donc utiliser le studio le temps que je veux. De nombreuses chansons d’Abyssinia sont en fait des démos sur lesquelles je travaillais et retravaillais jusqu’à ce que le résultat final corresponde à ce que j’avais en tête. Les morceaux sont enregistrés comme ils ont été écrits et conservés jusqu’à ce que ça s’intègre bien sur un album. Un parfait exemple de cela avec les trois dernières chansons dont je parlais sur le nouveau disque. Ces chansons furent enregistrées en 2008 pour un album qui n’a jamais vu le jour en fin de compte. Il était venu le temps de les sortir aujourd’hui. Ces morceaux sont vraiment sympas à jouer en live en plus ! Au cours des années, je suis devenu plus efficace dans la réalisation d’enregistrements en studio ce qui conserve ce côté live.

Et comment as-tu abordé ce nouvel album en termes d’écriture ? Dans l’optique de faire aussi bien voire mieux que le précédent album Electric Mountain Majesty ?
Je suis un compositeur très prolifique, tu sais et j’enregistre dès la moindre idée. Je le fais comme une compétition, comme un devoir, ce qui signifie que j’enregistre tous les instruments en tant que démo et l’édite alors si nécessaire. Parfois, les chansons sont ensuite complètement réenregistrées, et parfois j‘ai les autres gars qui viennent et débarquent et du coup, on refait certains passages que j’avais fait sur la maquette. Sur quelques-unes des chansons d’Abyssinia, c’est moi en fait qui joue à la batterie parce que nous avons senti que la démo ne pouvait être améliorée, que ce soit au niveau du son ou bien de l’interprétation. Tu sais, j’ai déjà commencé à travailler sur le prochain album ! (rires) Il y a déjà au moins cinq titres au stade de démos presque achevées et un florilège d’idées partielles et des riffs. J’ai expérimenté des choses avec de la musique électronique du milieu des années 70 : David Bowie, Brian Eno, et tout ce qu’ils ont fait ensemble à cette période… Ceci pourrait faire son chemin jusqu’à une prochaine sortie d’album… (sourires)

Peut-être y as-tu injecté justement cette fois-ci plus de variété dans tes chansons notamment avec ce feeling seventies omniprésent, non ? Quel est ton secret en la matière pour réussir à faire un album aussi incroyable et agréable qu’Abyssinia ?
J’ai décidé de laisser entrer davantage d’influences de musique que j’aime et pas forcément du Heavy Metal ou de Rock. La plupart des adorateurs de musique n’apprécient pas qu’une seul style de musique et aiment la variété, la diversité, et écoutent un large spectre de musiques… Je suis actuellement en train d’expérimenter et d’apprendre comment ajouter cette palette musicale sans perdre pour autant le cœur sonore du groupe. J’avoue être très excité à ce sujet et projette de continue ainsi dans ce sens à l’avenir. C’est génial d’être plus honnête pour s’exprimer en tant qu’auteur/compositeur et d’avoir moins peur des stéréotypes…

Que signifie en fait le titre de ce nouveau disque Abyssinia ? Qu’entends-tu par-là exactement ?
Dans ce cas présent, « Abyssinia » est une expression américaine d’adieu qui sonne un peu comme « On se reverra… ! » (NDLR : « « I’ll be seeinya » en anglais populaire). Et ça fonctionnait bien pour ce nouvel album pour plusieurs raisons. En 2014, j’ai laissé partir la section rythmique originale du groupe présente depuis quatorze ans, car j’avais le besoin de tourner davantage pour défendre nos albums sur scène un peu partout. Ce fut un coup dur et à contre cœur, mais c’était nécessaire pour le groupe, alors on s’est donc dit : « On se reverra ! ». Une autre raison réside dans l’adieu au son originel et concept du groupe en évoluant vers d’autres horizons musicaux. Et enfin, quand je pense à ce titre d’album et regarde l’artwork, je pense que c’était mon esprit qui était en train d’éclater sur cette image et que je disais aussi adieu d’une certaine façon… (rires) En fait, cet album fut très difficile à finir et m’a pris une part de ma santé mentale et physique.

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La dernière chanson de l’album, « Outlander », a un pur feeling seventies là encore et rappelle Pink Floyd. Est-ce que ce groupe culte a été l’une de tes influences durant la composition de ce titre ? Il s’agit là d’un morceau véritablement épique…
Comme je le disais précédemment, les trois derniers titres de l’album dont celui-ci dont, ont été enregistrés en 2008. Il a été assemblé en un seul morceau à partir d’une session de répétition avec juste une guitare et la batterie, et au cours des années, et une fois que la batterie était en boîte, je ne cessais d’ajouter des choses, de bidouiller tout ça jusqu’à ce que le morceau devienne presque épique finalement. Il n’y a guère de guitares par-dessus. J’ai apporté en fait plein de sons de mes vieux claviers et synthétiseurs. Il figure même du piano électrique Wurlitzer, de l’orgue Hammond, du piano acoustique, du Mellotron M400, et des pédales Moog Taurus. Je décrirais cette chanson comme la bande-originale de l’ère « Pink Floyd rencontre l’album de Chris Squire « Fish Out Of Water » avec une pincée de Beatles à travers cela… (rires) Quant aux paroles, je les ai écrites le jour où j’ai découvert que mon père avait un cancer. Je ne suis plus tout à fait sûr si elles traitent de cela précisément, mais les émotions que j’ai éprouvées ce jour-là ont assurément joué sur l’interprétation de ce morceau…

Pour terminer, lors de notre précédent entretien il y a deux ans, à la question sur le choix d’une tournée en première partie pour soit Black Sabbath (groupe culte et dont la tournée serait assurément lucrative) soit Monster Magnet (avec alcool et drogues inclus) en tête d’affiche, tu m’avais répondu ceci : « Black Sabbath étant mon groupe favori alors je partirai volontiers avec Black Sabbath. Je suis sûr cependant qu’ils ne nous payeraient pas pour autant de toute manière…« . Aujourd’hui, le célèbre groupe britannique de Tony Iommi et Ozzy Osbourne tire sa révérence cette année après son ultime tournée d’adieu (pour des raisons de santé principalement pour Iommi). Quel est ton sentiment à présent sur l’arrêt de Black Sabbath ?
Je n’y pense pas vraiment tant que ça à vrai dire. Tony Iommi et Geezer Butler demeurent une source d’inspiration immense pour moi de toute manière parce qu’ils peuvent être fiers de ce qu’ils ont créé dans le jeu de leur instrument (guitare ou basse) et ont su rester authentiques, vrais, par rapport à leurs croyances musicales des débuts, et ce depuis quarante-huit ans ! Je ne suis ni triste ni déçu que cela se termine parce qu’ils m’ont donné quelque chose qui n’a pas de prix et qui restera en moi le restant de ma vie…

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