NAKHARA : The Procession

NAKHARA
The Procession
Death Metal expérimental
Autoprod.

Attention ! Un pitbull s’est échappé, et celui-ci n’a qu’une envie : voyager ! Ou plutôt nous faire voyager à travers ses expérimentations musicales nées dans l’esprit du guitariste Simon Thevenet, désormais ex-Pitbulls in the Nursery puisque le groupe français a splitté en 2020 à notre grand désespoir… Mais la vie continue, et la création artistique aussi, plus que jamais en ces temps sombres ! L’artiste rambolitain sort ici son premier album solo autoproduit sous le nom de Nakhara dont vous retrouverez l’explication étymologique à mourir de rire dans notre interview avec le principal intéressé. Redevenons sérieux et penchons sur The Procession à l’artwork aussi imposant qu’intriguant. Réalisé par Michal Piotr, celui-ci représente d’ailleurs « une sorte de marée humaine (inerte ou dynamique en fonction de l’interprétation) qui s’entasse pour former un géant imposant » d’après Simon. Elle inspirera différents sentiments à chacun, dont une forme de pessimisme ou de souffrance. À l’image de la pochette, ce premier essai compile lui aussi tout un tas d’idées bien vivantes et dynamiques celles-ci du guitariste qui s’est lâché et ne s’est imposé aucune limite, notamment instrumentale puisqu’il y assure les parties de guitares (électrique, acoustique, etc.), basse, chant (growls et clairs), programmation à la boîte à rythmes (aie ! j’en vois au loin qui ont déjà de l’urticaire), et de la sitar car ça, c’est le nouveau dada de l’ex-Pitbulls in the Nursery depuis quelques années déjà. Sans en abuser, il use de cet instrument ici ou là contribuant à donner quelques sonorités exotiques (« Commination », « 7th Sense – Creative Destruction ») plutôt rares dans le Métal même si forcément on pense à Nile, Orphaned Land, ou même aux excellents Orléanais (mais bien trop discrets) d’Impureza par moment. Cela confère ainsi à l’ensemble de l’album une grande hétérogénéité, trop même en jugeront certaines oreilles, mais encore une fois, rien n’est ici formaté, limité, la propre limite étant Simon lui-même qui se fait plaisir avant tout. Et franchement, quel boulot dans le processus de composition, d’enregistrement et d’arrangement a fait là le guitariste de Pitbulls in the Nursery. Alors oui, bien sûr avec tous les logiciels comme Guitar Pro et Pro Tools, on fait merveille mais il faut bien reconnaître que The Procession est une véritable fourmilière qui détonne en matière de Death Metal que l’on qualifiera ici de progressif ou vraiment expérimental, l’œuvre de Cynic ayant probablement dû marquer aussi notre multi-instrumentiste francilien. Quant aux allergiques à la boite à rythme, rassurez-vous, la batterie passe impeccable comme le font d’ailleurs de plus en plus d’artistes qui ont du mal à trouver un bon batteur de nos jours et comme c’était déjà le cas il y a une bonne dizaine d’années chez quelques groupes français qui s’en sortaient déjà bien (Hypnosis par exemple). Divers samples de mangas et autres plus inquiétants sur l’actu (dont les chaînes d’infos se font les choux gras), ponctuent certaines intros de morceaux violents de pur Death Metal rappelant Pitbulls in the Nursery (« Grey Sky »), forcément, voire parfois Meshuggah ou Dying Fetus dans ses rythmiques (« No Justice, No Peace »). Côté chant, Simon impressionne vraiment, le grain de voix sur ses growls rappelant même notre cher ami grec Spiros « Seth » Antoniou de Septicflesh à leurs débuts. Autre signe de grande variété musicale, sur un seul morceau comme « Grey Sky », on passe du Brutal Death à l’indus avec ces samples et rythmiques répétitives, puis  à un superbe solo de guitare, et les choses se calment progressivement avec un mélodie et un chant murmuré orienté Gothic/Dark Metal rappelant le dernier album Hermitage de Moonspell (hors-série METAL OBS spécial Moonspell toujours disponible à ce propos). Un autre exemple pourrait être également l’ultime chanson « Submerged »…

Au final, si tout cela peut sonner par moment comme un entassement de riffs, d’idées expérimentales aussi riches et variées créant un véritable patchwork de Métal et bien plus alors non, car derrière son Sitar Metal comme aime l’appeler l’ancien guitariste de Pitbulls in the Nursery, il y a vraiment du talent et du boulot et rien que pour ça, The Procession mérite une écoute attentive. Reste maintenant que Nakhara prenne forme sur scène dès que cela sera possible et on a hâte d’écouter la suite à The Procession qui deviendra peut-être un nouveau Gojira iconoclaste en puissance, en moins mainstream… [Seigneur Fred]

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