RUNNING WILD : Le retour des pirates !

Running Wild fait partie des institutions du Heavy Metal allemand. Le gang sévit depuis 1984, et a traversé bien des tempêtes tout en gardant toujours le cap, le vaisseau étant mené de main de maître par le célèbre flibustier Rolf « Rock n’ Rolf » Kasparek. Après un passage à vide en 2009, nos pirates effectuèrent leur grand retour avec Shadowmaker en 2012, puis Resilient un an plus tard, deux opus en demi-teinte qui ne convaincront pas les fans, nos gaillards s’éloignant trop de leur style de prédilection. Il faudra attendre Rapid Foray, un album de bonne facture pour retrouver ce Heavy Metal épique qui a fait leur grandeur. Nul doute qu’avec Blood On Blood, leur tout nouveau méfait qui nous offre une chevauchée à travers le monde médiéval et diverses légendes de l’histoire moderne (comme les Trois Mousquetaires), le capitaine Rolf Kasparek et son équipage confirme que Running Wild n’a pas perdu de sa puissance de feu, bien au contraire. Alors, à l’abordage ! [Entretien avec Rolf « Rock n’ Rolf » Kasparek (chant et guitare) par Pascal Beaumont – Photos : DR]

En 2022, vous allez participer à plusieurs festivals dont le Hellfest où vous jouerez juste avant Judas Priest. Mais dis-moi, cela fait des années que vous n’aviez pas joué en France ?!
Oui, nous avons donné des concerts en France dans les années 80 et 90 (Ndlr : le 07/02/1990 Salle Marcel Cerdan, et le 31/01/1989). On a fait deux tournées qui sont passées par la France pour les albums Death Or Glory et Port Royal, mais c’est vrai que c’était il y a bien longtemps… Je ne sais pas pourquoi nous ne sommes jamais repassés par la France. C’est vraiment une très bonne chose que nous puissions jouer dans un festival aussi prestigieux. Cela va nous permettre de venir avec une grosse production et de donner un concert avec tous nos effets pyrotechniques C’est très amusant de donner ce genre de show. Nous sommes vraiment heureux de revenir après si longtemps en France.

Côté discographique à présent, en 2019, vous êtes revenus avec un EP Crossing The Blades et là vous sortez un tout nouvel album Blood On Blood. Comment avez-vous abordez le processus de composition cette fois-ci ?
Il n’y a rien de spécial. J’ai débuté la composition alors que je terminais le mixage de Rapid Foray. C’est à cette période que j’ai commencé à travailler sur Blood On Blood, écrire, jammer sur les morceaux. Je savais qu’il fallait du temps pour tout mettre en place, et puis, nous devions nous préparer pour le concert du Wacken Open Air que nous avons donné le 3 août 2018. Après ce show, nous sommes retournés travailler sur l’opus. J’ai tout d’abord corrigé des idées, trouvé de nouveau riffs et au bout d’un moment je me suis retrouvé avec vingt titres, tous n’étant alors pas terminés. Certains devait être retravaillés pour finir sur l’album. C’est ce que j’ai fait, j’en ai aussi profiter pour enregistrer cet EP Crossing The Blades afin de faire patienter nos fans. J’ai d’ailleurs réenregistrer ce morceau qui figure aussi sur Blood On Blood.

Quels sont alors les différences entre ces deux versions ?
Elles ne sont pas tellement différentes, nous n’avons pas totalement réenregistré le morceau. En fait, j’ai surtout modifié l’intro. Ensuite j’ai aussi réenregistré les parties de guitares rythmiques et de basse car j’avais de nouvelles idées concernant les mélodies de guitares qui était plus en phase avec l’album. On a aussi ajouté des chœurs au niveau des parties vocales. On voulait que cette version colle parfaitement avec l’esprit de l’album. Finalement, la version EP est assez différente de celle que l’on peut retrouver sur Blood On Blood.

On retrouve aussi sur l’EP Crossing The Blades une reprise d’un classique de Kiss « Strutter » extrait de leur premier opus !
Je me souviens d’avoir vu pour la première fois Kiss sur scène en 1980 lorsqu’ils ont joué à Hanovre. Ce n’était pas très loin d’où j’habitais, c’était marrant, j’ai donc pu me rendre au concert. Ils ont joué tous leurs classiques et bien évidemment « Strutter » qui est un de mes titres préférés. Je me rappelle avoir entendu dans un magasin de disques Kiss Alive qui commençait par « Deuce » suivi de « Strutter », ces deux premiers titres m’avaient vraiment impressionné. C’est de là qu’est venue cette envie d’en faire une reprise, et nous avions aussi besoin d’un titre supplémentaire pour cet EP.

Malgré la pandémie et les mesures sanitaires strictes en Allemagne, avez-vous pu enregistrer cet album en studio je suppose ?!
Oui, mais chacun dans son propre studio. Pour cet opus, nous avons été très chanceux car on a pu terminer l’enregistrement des parties de batteries avant le premier confinement en Allemagne, sans cela on aurait eu un problème. Michael Wolpers (batteur) a pu écrire ses parties et faire ses prises avant que tout soit bloqué. Du coup, nous avons pu travailler de notre côté sur nos parties respectives. Peter Jordan a enregistré ses guitares dans son studio ainsi que ses parties vocales, les chorus et les voix qu’il assure sur deux titres. Au total, nous avons enregistré dans deux studios différents.

Peter Jordan semble avoir pris de l’importance au fil du temps au niveau de son investissement dans les compositions, non ?
Il apporte beaucoup d’idées, notamment au niveau des parties de batteries, comme par exemple au niveau des breaks. Michael prépare des démos et travaille avec lui. En studio, il se charge de toutes les sessions de guitares, et moi je m’occupe de toutes les rythmiques. Il apporte son style personnel de jeu notamment par ses solos, il joue presque live car il maitrise bien toutes ses parties en studio.

Tu as dit avoir composé vingt morceaux, or on en retrouve que dix sur Blood On Blood. Que sont alors devenus les dix autres ?
C’est un long processus. J’ai commencé à travaillé sur les morceaux en 2019. Il m’a fallu du temps pour choisir les dix titres qui allaient terminer sur l’album. Parfois, j’enregistre sur démo un titre entier, d’autre fois c’est juste une idée qui ne deviendra jamais un morceau. J’avais beaucoup d’idées mais qui ne sont pas forcément devenues des chansons. Il y en a beaucoup qui n’évoluent pas et qui restent au stade d’idées, de brouillons. J’écris beaucoup en très peu de temps. Cela en fait m’ouvre des portes pour développer l’album, je fonctionne ainsi. J’ai des idées que je conserve pendant des années, certaines datent d’ailleurs des années 80 ou 90.

Avec Rapid Foray qui faisait suite à Shadowmaker et Resilient, deux disques qui n’avaient pas convaincu les fans et les médias, y avait-il de ta part une volonté d’effectuer un réel retour aux sources ?
Oui, d’une certaine façon. Mais on a aussi essayé de nous dépasser et d’aller plus loin, de ne pas resté uniquement dans le passé. Je suis quelqu’un qui vit dans le présent et qui regarde vers le futur. Je ne suis pas bloqué dans le passé. C’est grâce à cela que j’en suis arrivé là où j’en suis aujourd’hui. On a une marque de fabrique Running Wild au niveau des morceaux comme par exemple « Blood On Blood » qui est un titre typique de Running Wild. Mais on innove aussi avec des chansons comme « One Day, One Night », tous ces morceaux festifs comme « Wild & Free » ou « Wild, Wild Nights », c’est quelque chose que nous ne faisions pas auparavant. Nous n’abordions pas ce genre de style, c’est nouveau pour nous. On a essayé d’évoluer dans le style musical que l’on pratique. On est concerné par ce que nous allons faire dans le futur et prêt à aborder un nouveau challenge. L’objectif est que nous soyons toujours présents.

Vous abordez régulièrement des thèmes historiques à travers vos texte, la piraterie et les boucaniers cette fois-ci mais aussi l’Ordre des Templiers, les prophéties, la Guerre de Trente Ans qui opposa la France au Saint-Empire Romain Germanique de 1618 à 1648, et les mousquetaires ?!
Lorsque j’ai écrit « Blood On Blood », il était évident que le thème serait sur les mousquetaires car c’était la première fois que dans un morceau, j’avais ce refrain « All for one, One for all ». Avec ce genre de phrase il était évident que ce serait sur les mousquetaires ! C’est une chanson marrante et humoristique à travers les textes aussi. Il y a aussi « Wings Of Fire » où j’évoque les prophéties et les Templiers. J’avais envie de traiter ce thème depuis très longtemps mais je n’avais jamais trouvé la bonne mélodie qui pourrait coller avec ce type de textes et faire en sorte que cela fonctionne. Puis, j’ai trouvé cette mélodie qui m’est arrivée comme ça dans ma tête alors que je composais le titre « Blood On Blood ». Elle est très triste et transporte beaucoup d’émotions, elle convenait parfaitement au morceau. Je savais que je pouvais écrire ce style de mélodie. C’était une évidence, tout comme « Crossing The Blades » et « Blood On Blood » qui abordent l’histoire des mousquetaires. A chaque fois l’écriture des textes est différente ; parfois je relis des livres d’autre fois non. Pour les mousquetaires, je connaissais l’histoire donc tout m’est venu très facilement. Je me suis mis dans cet état d’esprit, j’ai pensé à cette croix que l’on voit sur la pochette, tout le monde connait l’histoire des trois mousquetaires par les films ou les romans (Ndlr : Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, Vingt Après et Le Vicomte de Bragelonne). Pour la guerre de Trente Ans, je n’ai pas beaucoup étudié car à l’école en Allemagne dans les années 70, il y avait beaucoup de cours d’histoires. J’ai étudié cette guerre et les raisons qui ont provoqué ce conflit, les dates importantes. Il ne faut pas oublier que c’est un morceau (Ndlr: « The Iron Times (1618–1648 ) qui traite des horreurs de cette guerre et de l’impact qu’elle a eu sur les gens vivant à cette époque. Tu pouvais naitre et mourir pendant cette guerre, tu ne connaissais que la guerre. C’est très frustrant pour un être humain de vivre uniquement lors d’un conflit. Il faut réfléchir à cela. Il y a des enfants qui ont grandi et sont devenu adultes lors de ce conflit, ils n’ont connu que ça. Toute leur vie a été gâché, un véritable gâchis qui a frappé tous les humains. Je me souviens qu’avant la guerre, la population était de 20 millions de personnes et qu’après il ne restait plus que 4 millions de personnes. C’est très dure d’entendre ça. Cette guerre à impacté l’Europe entière car c’était une guerre de religion qui impliquait tout le monde. Les soldats se sont ralliés au roi pour combattre au nom de la religion. Après deux ans de combats, les soldats catholiques ont commencé à protester. Finalement, cette guerre à continué alors que l’on avait oublié les véritables causes à l’origine du conflit. C’était une guerre de religion. C’est ce que j’ai voulu montrer à travers ce titre, tout ce désastre pour une guerre qui n’avait plus de sens.

On retrouve donc dix morceaux qui ont été retenus sur Blood On Blood, dont « The Iron Times (1618 – 1648) ». Quels ont été les principaux challenges auxquels tu as été confronté lors de l’enregistrement de cet opus ?
Il y a un morceau « One Night, One Day » avec lequel j’ai dû batailler. C’est drôle car c’est une chanson un peu différente du reste de l’album. J’ai enregistré ce titre entièrement sur démo, il était prêt. En le réécoutant, je me suis rendu compte qu’il fallait le réenregistrer entièrement dans une tonalité différente afin que le rendu soit mieux et qu’il fonctionne bien. J’ai dû réapprendre le morceau un an après toutes les parties de guitares rythmiques et les retranscrire dans la bonne tonalité. Cela m’a pris beaucoup de temps, ça a été un véritable défi car j’avais enregistré ce titre un an auparavant. Et je ne savais pas ce que serait le rendu. C’était très pointu, il y avait de nombreuses parties à retravailler. C’est une sorte d’hymne qui bénéficie d’arrangements très différents du reste de l’opus. Il y a beaucoup d’arrangements dans les chansons de Running Wild, tu sais, il y en a beaucoup moins sur « One Night, One Day ». Il y a des petits breaks entre les parties de guitares avec un refrain qui est toujours le même. Mon défi était de le rendre intéressant au fur et à mesure de la progression du titre, en apportant de nouvelles guitares, travailler le son, les bruits aussi. On ne jouera jamais ce morceau en concert, il y a trop de parties de guitares qu’on ne pourra jamais reproduire sur scène, c’est trop compliqué. Je savais que je pouvais faire ce que je voulais en studio car on ne le jouerai jamais en concert. Cela m’a permis de tenter tout ce que je voulais durant les prises et d’essayer d’en faire le meilleur titre possible.

La chanson « Diamonds & Pearls » marque aussi le retour d’un de tes thème favoris : les pirates !
En effet, l’idée est venue avec cette mélodie qui est très joyeuse et entraînante, avec ce riff accrocheur. La première chose que j’ai écrite pour ce morceau, c’est le refrain, et là j’ai senti que ca collait bien avec l’esprit des pirates. A leur époque, c’est ce qu’ils recherchaient : des diamants et des perles ! (rires) Et puis il y a aussi ce morceau « The Shellback » : dès que j’ai trouvé le titre, les mélodies, les parties de cette chanson, j’ai pensé à la vie des pirates, etc. Quelle pouvait-elle être, qu’est qui poussait quelqu’un à devenir un pirate ?! C’est ce que ce titre raconte. C’est venu de la mélodie et aussi de cette intro acoustique.

En Janvier 1986, vous avez ouvert pour Mötley Crüe. T’en souviens-tu ? Je suppose que cette tournée a été une étape importante pour Running Wild !
Oui, c’était très marrant car on nous a demandé d’ouvrir pour eux. Il y avait beaucoup de gens qui pensaient qu’on ne pouvait pas le faire. On leur a répondu : « réfléchissez juste une seconde, chaque soir on jouera devant sept-mille personnes qui ne nous connaissent pas, c’est une chance pour nous ! ». On n’a pas hésité et on l’a saisie. On a très bien été traité par l’équipe de Mötley Crüe. Tous les jours nous avons eu un soundcheck, ils ont insisté pour que l’on puisse faire une balance correctement chaque soir. On est devenu amis avec Tommy Lee, Nikki Sixx. Lorsque nous faisions notre soundcheck, c’est Vince Neil qui réglait nos lumières ! (rires) Il aimait bien faire ça. Ils étaient très bons à cette époque et nous aussi, les fans nous ont accepté et ça nous a permis de conquérir énormément de nouveaux fans, et de passer une étape. C’est difficile de s’imposer, on a fait deux grandes tournées : The Death Or Glory tour et The Port Royal tour. On a pu jouer partout en Europe, en France, en Espagne mais on a perdu l’argent que l’on avait gagné sur notre tournée allemande. Depuis cinq ou six ans, on ne joue plus que dans les festivals, ce qui nous permet de présenter un grand show avec beaucoup d’effets sans perdre de l’argent. On peut ouvrir pour des grands groupes comme Kiss, Iron Maiden ou Guns’n’Roses. Auparavant, c’était très compliqué de présenter un show comme celui qu’on donne actuellement. On était toujours sur le fil du rasoir, notamment à cause des frais d’une tournée et du succès que l’on pouvait rencontrer.

Vous avez débuté au début des années 80. Quel regard portes-tu sur ces quarante années passées au sein de Running Wild ?
C’est passé très vite. Lorsque je pense au moment à la période où l’on a débuté, notre première tournée avec Sinner, les concerts avec Mötley Crüe, jouer aux Etats Unis pour progresser. Running Wild a toujours évolué, et nous avec. Le problème était qu’a cette époque en Allemagne, le Heavy Metal n’était pas très bien accepté, il n’y avait que les magazines spécialisés qui en parlaient et qui s’y intéressaient. C’était un challenge en Allemagne lorsque tu voulais progresser et essayer d’avoir plus de fans.

J’ai lu que tu travaillais sur une autobiographie « Death and Glory : The Story of a Heavy Metal Legend ». C’est vrai ?!
Je n’ai jamais fait ça. (rires) C’est un gag ! Non, en fait c’est une idée qui est venue de mon label à l’époque qui voulait écrire un livre sur Running Wild. C’était il y a longtemps, au milieu des années 90. Un livre a été écrit sur le combo qui impliquait d’autres musiciens qui avaient été avec nous lors de cette période. Je l’ai lu, je l’ai trouvé marrant, c’était pas mal du tout mais j’ai demandé de quel groupe parlez-vous ? (rires) Ce n’est pas Running Wild, je n’ai rien à voir avec ça. C’est comme ceci que l’idée est tombée à l’eau. Aujourd’hui, je n’ai pas vraiment le temps d’écrire un livre, je suis trop occupé à composer, travailler, préparer les concerts, gérer le groupe, la production , la promotion, les interviews…

En 2013, tu as sorti un album avec Peter J. Jordan sous le nom de Giant X qui était très éloigné du style Running Wild. Peux-tu revenir sur ce projet musical ?
Oui, c’était très amusant parce que l’on voulait à l’origine rendre hommage à nos influences, à tous ces groupes avec lesquels nous avions grandi. Mais nous ne voulions pas faire pour autant un opus de reprises des formations qui ont bercé notre jeunesse. On souhaitait juste écrire notre propre musique. Tous les morceaux Heavy ont été écrit par Peter. J’écrivais déjà ce type de musique avec Running Wild, j’avais envie de composer des morceaux très blues, Rock’n’Roll, c’est ce que j’ai fait, des titres Blues avec de la guitare slide. Ce sont de bons titres, c’était juste pour montrer d’où nous venions musicalement, quelles étaient nos influences… Lorsque j’ai débuté en tant que guitariste, il n’y avait pas de Heavy Metal. Le seul combo de Heavy Metal dans les seventies, c’était Black Sabbath. Les autres s’appelaient Status Quo, Ufo, Thin Lizzy, Kiss, AC/DC, et tout ça, ce sont nos racines, ce que nous écoutions lorsque nous étions très jeunes…

Es-tu surpris de voir que depuis tant d’années, la plupart de ces formations existent toujours, un peu comme vous, et sont encore les têtes d’affiche des plus grands festivals ?
Oui mais ils sont arrivés à un moment où les gens écoutaient un peu de tout, tu sais. Cela ne posait aucun problème que AC/DC ou Kiss joue du Hard Rock, les gens appréciaient en fait le Disco mais écoutaient aussi « I Was Made For Loving You » ou « Shook Me All Night Long ». C’était il y a longtemps, la génération était alors différente. Ces formations ont perduré pendant des années et ont touché par leur musique plusieurs générations. Mais cela commence à revenir. Ces trois dernières années, nous avons eu l’occasion d’aller jouer en Russie, dans de nombreux festivals. C’est très marrant car nous sommes un vieux combo, et lorsque je regarde les dix premiers rangs il n’y a personne au dessus de trente ans. En Russie, il y avait un public très jeune, j’ai vu des enfants de cinq ans avec leur père, c’est très sympa. Je pense que pour une formation de Metal ou de Rock, peu importe comment tu l’appelles, tu peux survivre si tu arrives à séduire une nouvelle génération plus jeune. Si tu n’a que les anciens fans qui te suivent depuis les tout débuts, là oui ça pose un problème pour continuer. C’est pourquoi tous ces groupes sont toujours là, ils ont su séduire plusieurs générations. C’est comme Mötley Crüe, ils ont réussi à attirer de nouveaux fans, et c’est ça qui leur a permis de revenir au plus haut niveau. Il y a tant de personnes qui n’ont jamais eu la chance de les voir sur scène. C’est un peu pareil pour Running Wild, on a été très chanceux. Je connais beaucoup de groupes qui on débuté en même temps que nous et qui n’ont pas réussi à séduire un nouveau public, C’est peut-être un souci si tu veux perdurer.

En 1984, vous sortiez votre premier opus Gates To Purgatory qui d’emblée va s’imposer comme une référence. Comment vois-tu votre évolution musicale tout au long de ces trente-sept ans ?
Je dirais qu’aujourd’hui, c’est une formation totalement différente. Si tu survoles toute notre carrière, tu constateras que notre style a changé. Certains disent que Running Wild produit toujours le même album, c’est un non-sens. Si tu prends Gates To Purgatory et que tu le compares à Death Or Glory, tu verras que ce sont deux opus totalement différents, et que le groupe aussi est différent. Dans notre carrière, il y a eu beaucoup de changements de style musical. On a toujours gardé notre marque de fabrique comme sur le nouveau Blood On Blood, mais il y a toujours de nouvelles influences, des choses différentes que je tente, des morceaux innovants qui sont plus émotionnels au niveau des ambiances. C’est une chose importante d’évoluer mais tout en gardant l’esprit qui nous anime depuis toujours, en conservant nos racines.

Blood On Blood sort le 29 octobre 2021. Quel est ton état d’esprit quelques semaines avant qu’il ne soit disponible un peu partout ?
Très bon, car je suis très satisfait de cet opus et des dix morceaux que nous avons concoctés, de la production, de la pochette et de tout ce qui entoure Blood On Blood. Je suis très serein, j’attends avec impatience qu’il sorte pour voir la réaction des fans. J’ai vu les retours à la sortie des deux premiers singles. C’est bon de voir que les fans ont apprécié ces nouveaux titres, que ce soit des anciens ou des nouveaux fans. Ceux qui nous écoutent et qui ont vingt ans nous connaissent par le nouveau single « The Shellback » et s’intéressent à cet opus. Ils vont grandir avec ce disque et cela aura un impact sur eux. Je suis très fier de tout ce qui se passe autour de Blood On Blood, et j’espère avoir l’opportunité de revenir sur scène l’année prochaine pour présenter notre nouveau show dans différents festivals. On peut accepter un maximum de dates en festivals, tout va dépendre de la situation sanitaire. Pour le moment, on a arrêté de bloquer des dates car ça n’a pas de sens d’accepter des concerts alors que l’on ne pourra pas jouer. C’est clair que les gens ont envie de nous voir sur scène mais on ne sait pas ce qui va arriver et si on pourra jouer l’année prochaine. Pour l’instant, je travaille sur de nouvelles idées. Le truc marrant c’est que lorsque je mixais Blood On Blood, j’ai composé le titre du prochain opus. Je n’ai pas écrit de nouveaux titres mais j’ai déjà collecté de nombreuses idées. Comme on ne peux pas donner de concerts, je continue à écrire pour être prêt à revenir avec une nouvelle galette. Je ne vais pas rester les bras croisés à ne rien faire parce qu’on ne peut pas jouer live. Je sais que beaucoup de combos ne peuvent rien faire, ils ne pouvaient pas sortir leurs albums car ils ne pouvaient pas tourner pour le promouvoir, ils étaient bloqués. C’est une très mauvaise situation pour de nombreuses formations. Mais on ne mettra pas cinq ans pour sortir le prochain disque. Bien sûr, je ne peux pas m’avancer car cela dépend de combien de bonnes idées je disposerais. Mais le nouveau titre est excellent. Je ne peux pas me projeter dans le futur, tout dépendra de ce qui va arriver, personne ne sait si les festivals auront lieu ou pas. C’est une situation instable pour tout le monde, les organisateurs de concerts, festivals, etc., les maisons de disques, les agences de promotion…

Qu’as-tu envie de rajouter pour conclure ?
Cet album rock ! (rires) Ça suffit amplement.

CHRONIQUE ALBUM

RUNNING WILD
Blood on Blood
Steamhammer/SPV
Heavy Metal

Dans la plus grande tradition du Heavy Metal, ce Blood on Blood nous en propose une large palette. Les mentions spéciales vont pour la chanson-titre au refrain dynamique et riffs entraînants. Running Wild nous surprend encore avec cette magnifique ode « One Night, One Day » où la guitare omniprésente nous entraîne hors des sentiers battus, magistral ! On note déjà les titres incontournables que sont « Wings Of Fire » aux solos plus agressifs, et « Diamonds & Pearls », plus rapide, soutenus tous deux par les chœurs et la variation constante des solos maîtrisés. Toute la réussite réside en fait dans la variété des compositions : « Crossing The Blades » fait penser à la légende Thin Lizzy pour cet hymne métal épique et mélodique, ou ce très puissant « The Shellback » où les Teutons nous étonnent encore. Un dix-huitième album complet et vivant ! [Laurent Machabanski]

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