SKEPTICISM : Companion

SKEPTICISM
Companion
Funeral Doom Metal
Svart Records

Parmi le gratin finnois du Doom Metal, on cite communément les pionniers du genre tels que Thergothon, God Forsaken (récemment ressuscités), ou Reverend Bizarre, et dans un style plus atmosphérique les regrettés Yearning ou bien encore Swallow The Sun (dont le nouvel album Moonflowers sort cet automne à retrouver très bientôt sur notre site), mais on a tendance à en oublier plus : Skepticism. Présent sur la scène tout de même depuis 1991, cette formation originaire de Riihimäki, au sud de la Finlande, publie son sixième opus studio en l’espace de vingt ans, les formations de Doom étant généralement lentes à la détente, à l’image du rythme de leur musique… Doté d’un artwork tout à fait spécial et moderne, quelque part entre le dernier Amenra d’une certaine manière, à moins que ce ne soit plutôt une représentation des quatre musiciens, chacun étant symbolisé par un tronc d’arbre, respirant à travers la fenêtre en biseau de l’embouchure d’une flûte à bec taillée dans l’arbre (mais notre grande imagination divague un peu trop…), Companion succède au correct Ordeal paru en 2015 (eh oui, déjà) sur leur label national Svart Records. Ce nouvel enregistrement, conçu avec temps et minutie, contient six nouvelles compositions relativement variées et longues (en moyenne 7 à 8 mn), normal pour du Doom d’un autre côté. La première chanson, « Calla » ouvre majestueusement ce grand bal mélancolique avec ses claviers, renvoyant étrangement aux albums d’Orphanage, autre formation de Doom/Death metal atmosphérique disparue aussi, mais qui était néerlandaise celle-ci. Bon, tout ça, après tout c’est un peu la même génération et la même scène musicale du nord de l’Europe, vous direz-vous. Mais le timbre vocal de Matti Tilaeus interpelle doublement car ses terribles growls se rapprochent fortement de ceux de George Oosthoek (actuel Mayan au côté de Mark Jansen d’Epica, ou Doghouse Gallows…). Outre ces comparaisons, ce premier titre s’avère plutôt classique, mais c’est après que les choses se développent chez Skepticism. Là, on plonge vraiment dans l’univers de Skepticism, empli d’une profonde tristesse sous des riffs de guitares heavy (dans le sens « lourd », c’est pas du Maiden ici !), et une rythmique lente et écrasante.

Le second titre, « The Intertwined », se veut plus direct et immédiat, toujours accompagné de claviers raffinés, appuyant toujours un peu plus ce tempo aussi lent qu’une marche d’un pachyderme vers le cimentière des éléphants en plein cagnard… Un léger soulagement se ressent en fin de morceau cependant. La mort qui rôde depuis déjà plusieurs dizaines de minutes ici permet de libérer alors la bête de son poids, de son fardeau de douleur, la laissant au repos dans une nature sauvage. Les claviers religieux de « The March of the Four » nous accompagnent alors dans ce deuil, mais cela semble plus un deuil humain finalement , faisant référence à « quatre »…, mais quatre quoi ? On en revient encore à la pochette de Companion symbolisant peut-être les quatre musiciens à travers ces quatre troncs d’arbres au premier plan d’une forêt à la fois dense et pas si sombre. Tout est espoir n’est pas totalement perdu s’il y a de la lumière. Il faut donc trouver le « Passage » vers la lumière, ou vers l’au-delà, s’il en existe un… Mystérieux, inquiétant, ce quatrième morceau (littéralement intitulé « Passage ») trouble notre esprit, même si la voix guturale de Matti Tilaeus, tel un phare dans les ténèbres, nous guide après avoir erré longuement dans une sorte de purgatoire. Cela devient envoûtant, la mélodie de guitare et les orgues deviennent envoûtants, avec une basse qui ronfle. Les synthétiseurs sont brillamment utilisés, toujours avec parcimonie et intelligence.
Sonne alors le glas à la fin de ce « Passage » vraiment hypnotique. Une superbe mélodique jouée à la guitare acoustique survient, un peu comme chez Wolfheart, alors sur un léger clavier, comme un apaisement, l’émotion est palpable, la fin est proche… Lent et lourd, « The Inevitable » frappe en plein cœur, à l’aide d’une gamme mélodique simple, mais efficace. Enfin, « Swan and The Raven » (= « Le Cygne et le Corbeau ») clôture cet album avec poésie et grâce, Matti Tilaeus et ses comparses nous accompagnant pour cette dernière danse funéraire avant son épilogue. A voir maintenant si le prochain album Moonflowers de Swallow The Sun frappe aussi fort que Skepticism avec Companion car la concurrence dans le genre demeure vive au Pays des Mille Lacs ! [Seigneur Fred]

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