SUMO CYKO
Sous les feux de la rampe

La première fois que l’on a entendu parler de Sumo Cyko, on a immédiatement pensé au projet solo Cyko Miko de Mike Muir, le célèbre chanteur de Suicidal Tendencies, ou à un étrange projet d’un groupe nippon à la fois fan de sumotori et de Suicidal Tendencies, mais pas du tout… Enfin, notre équation n’était pas totalement fausse, car la chanteuse de ce rafraîchissant quatuor canadien de New Metal/crossover hybride nous a confié, en préambule, être fan de Suicidal Tendencies, avant de nous initier à ce troisième album studio qui met en avant sa frontwoman multi-facettes… [Entretien intégral avec Skye « Sever » Sweetnam (chant) par Seigneur Fred – photos : Francesca Ludikar]

La première fois que j’ai entendu parler de Sumo Cyco, très sincèrement j’ai immédiatement cru qu’il s’agissait d’un nouvel album solo du chanteur Mike Muir (Suicidal Tendencies) avec Cyko Miko, ou alors d’un projet nippon lui rendant hommage fait par des fans à la fois de Suicidal Tendencies et de sumotori ?!! (rires)
Tu as raison ! (rires) A l’origine, j’ai écrit une liste de mots qui, selon moi, décrivaient notre son. Arrivé en bas de celle-ci que j’avais gribouillée, il restait ces deux mots que j’ai reliés : Sumo et Pyscho. Ces mots me sont apparus comme puissants. On a décidé alors d’utiliser l’orthographe raccourcie de Cyko comme un clin d’œil au groupe Suicidal Tendencies mais aussi parce qu’une fois les deux mots constitués de quatre lettres empilées les unes sur les autres, on aimait le rendu visuel. Ça fonctionne bien aussi comme tatouages au niveau des articulations. (rires) Entre-temps, j’ai eu l’occasion de demander l’avis à Lars et Tim du groupe de punk Rancid, et ils ont dit que ça aurait l’air cool sur le dos d’une veste en cuir, alors là j’ai dit : « ok, banco ! ». (sourires)

Votre musique ainsi que vos univers visuel et lyrique contiennent de nombreuses références à la culture pop contemporaine (Lady Gaga, No Doubt, Otep, Harley Quinn de DC Comics et des films comme Suicide Squad et Birds of Brey…) et des styles musicaux comme le new metal/fusion/metal alternatif, le punk rock, l’électronique et le R’n B aussi ?! Comment pourrais-tu résumer les influences musicales et extra-musicales au sein du groupe Sumo Cyco et notamment les tiennes personnellement ?
Je pense qu’il s’agit d’une description juste et on dirait que tu réponds déjà à ta question ! (rires)  Pour être honnête, l’inspiration n’est pas un processus direct, c’est donc difficile de savoir exactement la vraie réponse à cette question. Si tu me demandes les groupes ou les films que j’aime, je pourrais les nommer, mais plus que tout, mon expérience et mon imagination sont les deux facteurs les plus forts qui font de Sumo Cyco ce qu’il est. Parfois, nous sommes influencés inconsciemment et parfois nous essayons de ne pas prêter attention à quoi que ce soit dans la culture pop pour éviter d’être influencés. Toutefois, j’admire les femmes fortes dans lesquelles je me reconnais. J’ai grandi dans le théâtre, ce qui influence mon style de performance aussi. Et au sein de Sumo Cyko, on n’exclut jamais de mélanger les genres dans notre musique.

Petite présentation vidéo de l’univers de Sumo Cyko par ses membres, chez eux à la maison.

C’est la première fois que vous collaborez en studio avec le producteur, auteur/compositeur et batteur Kane Churko (bien connu pour son travail avec le Madman Ozzy Osbourne sur l’album Scream, mais aussi avec In This Moment, Five Finger Death Punch…? Qu’a-t-il apporté ici à votre nouvel album Initiation selon toi ?
Kane Churko a co-écrit et produit les chansons « Vertigo » et « Overdrive » de l’album. Nous avons enregistré dans son studio The Hideout  qu’il possède avec son père, un autre producteur connu, Kevin Churko. Il est super talentueux et nous avons eu beaucoup de plaisir à bosser avec lui, à traîner ensemble et à tout apprendre de lui à Las Vegas. Matt Drake, notre guitariste, était toujours au-dessus de son épaule en studio en tant que co-producteur, et du coup il a emporté des conseils utiles qu’il a appliqués sur le reste de l’album.

La chanson « Love You Wrong » qui ouvre Initiation était déjà sortie en 2019 avec une vidéo et un documentaire du tournage. À te voir évoluer dedans, on a le sentiment que tu voulais ou veux devenir une star de cinéma car tu attires toute l’attention et tu aimes jouer devant la caméra pour t’exprimer. As-tu le rêve d’être actrice dans un film à Hollywood par exemple ?
En fait, mes rêves sont plus derrière la caméra pour être honnête. J’adorerais réaliser un film. J’ai grandi en jouant dans quelques émissions de télévision et je me suis vite rendu compte que je détestais qu’on me dise quoi faire. Je n’aime être devant la caméra que lorsque je suis en charge de ma propre performance. Sinon, je préfère réaliser ou produire afin d’avoir plus de contrôle. C’est pourquoi je réalise moi-même tous nos vidéoclips afin de pouvoir vraiment m’exprimer comme je le souhaite.

Initiation est déjà votre troisième album studio après Lost In Cyco City (2014), Opus Mar (2017). Que voulez-vous initier au juste auprès du public et de vos fans à travers cet album parce que vos paroles traitent de sujets très personnels ici mais en même temps très universels liés à nos sociétés modernes où les gens peuvent se retrouver dans vos chansons de prime abord légères mais qui évoquent de vrais problèmes comme la confiance en soi, la lutte contre ses propres démons, surtout en cette période de pandémie ?
Initiation est un titre destiné aux nouveaux fans en fin de compte. Nous sommes ici depuis dix ans, mais il y a encore tellement de gens qui n’ont jamais entendu parler de Sumo Cyko. On veut les initier à notre monde et leur faire découvrir notre style de rock. L’autre angle d‘Initiation est notre univers alternatif de Cyco City. C’est un monde fantastique où se déroulent toutes nos vidéos musicales et nos illustrations. À l’heure actuelle, différentes factions contrôlent la ville et si vous visitez notre site web sumocyco.com, vous pouvez répondre à un quiz pour voir à quel club Cyco City vous appartenez. Il y a des œufs de Pâques dans chacun de nos vidéoclips qui s’enchaînent (NDLR : entretien réalisé en avril). C’est une sorte de chasse au trésor pour nos fans !

Avec toute cette diversité musicale sur Initiation où vous cassez les codes en mélangeant divers ingrédients, vous n’avez pas peur d’avoir des difficultés pour capter les fans de Metal si tu chantes façon R’n B ou intègres des parties électroniques (les chansons « MIA », « Cyclone »), et en même temps vous risquez de sonner trop lourd pour les fans de Pop et Electro justement  (« Bystander », « No Surrender », etc.), non ?
On sait et on comprend que nous ne rentrons pas dans une boîte et que nous ne sommes pas un groupe qui convient aux goûts de tout le monde. Je suis dans l’industrie de la musique et de la TV depuis l’âge de douze ans et s’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que tu ne peux pas faire de la musique qui plaise à tout le monde. Tu dois le faire toi-même et avancer. De la manière dont j’ai construit ma vie autour de ma musique, j’ai aussi construit ma carrière autour de la musique que j’aime et des choses que j’aime faire. J’ai besoin de me sentir libre de m’exprimer, donc m’en tenir à un genre semble très claustrophobique à ma créativité. J’aime vraiment être un groupe polarisant, avec plusieurs facettes.

Quelques mots à présent sur les deux dernières morceaux qui sont peut-être des bonus à la fin du nouvel album : « This Dance is Doomed »; et « Awakened » ? Est-ce que c’est du live et des remixes inédits ? D’où proviennent ces deux titres bonus ?
Alors, « Dance is Doomed » fait partie de l’album en fait. Et « Awakened » est la première piste bonus mais il y en a d’autres à venir ! Ils ne sont ni enregistrés live ni remixés. J’ai le sentiment que tous nos morceaux bonus doivent répondre à la même qualité générale de l’album. Nous avons écrit de nombreux morceaux pour cet album et puisque nous produisons la musique nous-mêmes, on a donc beaucoup de titres inédits bien enregistrés qui devaient figurer sur l’album mais qui ont été coupés, donc on les ajoute ainsi pour nos fans.

Dans ce contexte de pandémie mondiale de covid-19, est-ce que vous répétez beaucoup et préparez-vous de nouveaux shows ou ne jouez que derrière des ordinateurs et Skype ensemble afin de proposer des concerts en streaming sur internet à vos fans pour promouvoir Initiation ? Comment tuez-vous le temps si vous ne pouvez pas tourner et ne pouvez pas jouer live en public même localement ?
Nous n’avons pas répété depuis des mois, en fait, snif ! Mais l’Ontario est toujours en situation de confinement extrêmement strict (NDLR : entretien réalisé en avril). Il est actuellement illégal de se réunir avec son groupe pour diffuser en direct un concert par exemple. C’est donc un peu triste. J’attends toujours le jour où nous pourrons revenir sur scène. Au début du confinement, nous étions un peu abasourdis. Comme la plupart des gens, il y a eu un énorme choc et on a dû faire face à nos propres émotions, le nouveau style de vie essayant de donner un sens en fin de compte à ce que l’avenir nous réservait. On a écrit et enregistré des chansons pour l’album dans notre studio à domicile, travaillé sur de nombreux vidéoclips dans notre grenier, conçu des illustrations et des produits de merchandising pour l’album et pris quelques passe-temps. J’ai jardiné pour la première fois l’année dernière parce que j’étais à la maison après une tournée pour une fois. Aujourd’hui, nous venons d’avoir une énorme tempête de neige, donc c’est encore plus étouffant lorsque l’on est toujours dans de telles conditions de confinement. En fait, ces derniers mois, le lancement de notre nouvel album nous a vraiment bien occupés, plus que jamais, donc c’est une bonne occupation ! (sourires)

En Europe, vous êtes-vous déjà produits sur scène en Europe et notamment en France dans le passé ? On trouve des extraits de votre show au Download Festival en 2019 en Grande-Bretagne mais pas grand-chose d’autre… Si oui, avez-vous remarqué des différences entre votre public européen et celui nord-américain ?
Oui, on a déjà joué en France deux fois. Notre première fois, c’était en ouverture de Fozzy en 2015 peu de temps après l’attaque tragique du Bataclan à Paris… Je me souviens que c’était une période effrayante d’être en tournée car c’était encore frais dans l’esprit de tout le monde. Nous ne savions pas si les foules viendraient, mais heureusement, le spectacle était génial. Puis on est revenu en compagnie du groupe Hed P.E. l’année suivante. Je me souviens que Hed P.E. n’avait presque pas fait de spectacle ce soir-là, on avait donc dû faire traîner notre set pour leur donner plus de temps de s’installer. Quant au festival anglais du Download, c’était une ambiance complètement différente, et une toute autre expérience pour nous puisque nous n’avions jamais joué dans un festival aussi grand, qui plus est au Royaume-Uni. En Amérique du Nord, comme il y a tellement d’espaces entre les villes, les festivals sont beaucoup plus petits que le Download. Tout le monde en Europe voyage et les foules sont tout simplement énormes. C’était génial ! J’espère en refaire des festivals là-bas !

Que souhaites-tu ajouter à propos de ce nouvel album Initiation et quels sont les projets de Sumo Cyco maintenant en 2021 ou bien pour l’heure, vous préférez ne pas faire trop de projets et restez prudents ? Peut-être prévoyez-vous un show sur internet en mai pour la sortie de votre disque ?
Tous nos efforts sont consacrés à la production et à la création de nos vidéoclips, ainsi qu’à la mise à jour des médias sociaux. Comme déjà dit, il est illégal de diffuser des concerts en direct pour le moment, et pour être franche, ce n’est pas quelque chose que j’ignore. La musique live et les performances me manquent tellement qu’une émission en streaming semble être un prix de consolation. Ce n’est pas l’affaire du siècle non plus ! Nous interagissons avec notre public dans le cadre du spectacle et sans eux, ce n’est tout simplement pas un spectacle approprié, on a besoin de ce retour vivant. Peut-être trouverons-nous un moyen de faire cela, mais pour le moment, on essaie d’être positifs et de planifier de vrais spectacles sur scène en public pour la fin de l’année. On propose régulièrement des hangouts sur Google en direct avec nos fans et on adore montrer notre créativité à travers nos vidéos musicales. Les fans peuvent s’attendre à des versions acoustiques de chansons, des tonnes de vidéoclips, des bonus et bien d’autres surprises de Cyco City en fil rouge.

CHRONIQUE ALBUM

SUMO CYKO
Initiation
New Metal/Pop Rock/Crossover
Napalm Rec.

Fans hardcore de Cyko Miko, passez votre chemin, les autres, restez et jetez une oreille à la troisième petite bombe canadienne (je ne parle pas là, bien sûr, de sa chanteuse…) qui vous est destinée ! En effet, c’est bel et bien vous l’objectif de ce quatuor canadien explosif avec Initiation, un album hybride qui fusionne pop/rock à la No Doubt vs Pink (« Bad News », « Vertigo », chanson de l’auteur et ingé son Kane Churko qui avait signé Scream, le moins bon album du Madman, mais aussi bossé avec In This Moment…), new metal plus violent à la Otep Shamaya (« Love You Wrong »), et electro/R’n B (« M.I.A. », « Run With The Giants »). Comme un paquet de bonbons acidulés bourrés de colorants : on en mange un, deux, trois, et puis gare aux caries même si Sumo Cyko tente ici de nous faire découvrir avec énergie son univers imaginaire et conceptuel de Cyko City. [Seigneur Fred]

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